So aɗa namnɗo, namnɗo gannɗo. So a wuuri, namnɗo. So a namndiima, majjata

Almaami Salih et le coût du pouvoir

« Les questions de gloire, elles sont redoutables ! Cette main tranchée d’Almamy Sâdou, je témoigne qu’elle n’a jamais utilisé le sable pour les ablutions, qu’elle a recopié de mémoire sept corans et qu’elle ne s’est jamais posée sur la femme d’autrui. Ce sont les questions de pouvoir qui ont causé la mort de l’Almamy Sâdou. Puisse Dieu, le souverain, chasser définitivement le pouvoir de ma maison et de la sienne.Mody Sory Barry, fils du dernier Almaami de la maison Alfaya, Oumar Bademba

Voyez votre œuvre, l’œuvre de vos lâches conseils et vos intrigues, vieillards dont le dehors est propre, mais dont le cœur est sale.

Regardez cette main, c’est vous, vieillards, qui la lui serriez en l’appelant Almamy, qui avez comploté pour le tuer, comme vous comploterez pour me supprimer moi aussi »
Ces propos sont traditionnellement attribués à l’Almaami du Fuuta Jalon, Salih mo Karamoko Alfa, devant le corps de son cousin et rival Saadou mo Ibrahim Sori Mawdo, à la conclusion de la guerre civile qui les a opposés au tournant du 18e siècle. Par ces propos, il aurait regretté le sort de son rival et l’escalade meurtriere qui s’est conclue par la factionnalisation de la théocratie islamique du Fuuta Jalon à la suite de la mort de ses deux figures majeures Karamoko Alfa Ibrahim Sambegou Barry de Timbo (v.1727-1751) et Ibrahim Sori Mawdo Barry (v.1760-1791). Ces deux figures sont les pères respectifs des Almaami Salih (v.1780s; 1791-1797) et Saadou (1791-1797).
Le conflit entre ces deux chefs résulte de la crise de succession de Karamoko Alfa en 1751, et des troubles que connurent le Fuuta Jalon face au Wasulun, qui amenèrent à l’avènement de Ibrahim Sory Mawdo durant la décennie 1760. Déjà en 1751, Ibrahim Sory Mawdo aurait assuré une régence de 3 ans à la tête de la fédération du Fuuta Jalon, en succession à son cousin Karamoko Alfa, et face à la jeunesse d’Alfa Salih.
Les succès militaires d’Ibrahim Sory Mawdo contre les pays voisins lui procurèrent une forte assise politique interne, et la capacité de « pourvoir » aux besoins et attentes de ses partisans. Si l’histoire de cette période est relativement sombre et la chronologie incertaine, on peut dégager des écrits de Thierno Mamadou Ba, entre autres, qu’à un moment donné, face à l’opposition des clercs à « l’assise militaire » d’Ibrahim Sory et face à l’insistance de Salih, Ibrahim Sory fut forcé de céder le pouvoir et de se retirer dans ses villages de culture.
Mais Ibrahim Sory fut très vite rappelé au pouvoir. En effet, l’Almamy Salih mena une campagne contre le Wasulun dès son accession, campagne qui fut un désastre pour le Fuuta Jalon. Si l’Almamy a eu un ascendant au début, les représailles du Wasulun lors de la saison martiale suivante entrainerent l’occupation de la capitale Timbo pendant deux mois par Condé Bourama, la profanation de la tombe de Karamoko Alfa mo Labé et une attaque contre la capitale religieuse Fougoumba. Ibrahim Sory fut rappelé en ces circonstances et c’est sous règne que Condé Bourama et une bonne partie de son armée disparurent en traversant le Sirakouré. Ibrahim Sory régna trois autres années où il repoussa une invasion de Takouba Yero, roi yalunka/jalonké, avant de mourir à Labé vers 1791.
À sa mort Alfa Salih devait lui succéder mais le turban fut usurpé par Saadou, fils d’Ibrahim Sory Mawdo, ce qui divisa le Fuuta pendant plusieurs années. Cette lutte se termina par la mort de l’Almaami Saadou, le dégout du pouvoir pour l’Almaami Saadou et l’installation d’une dyarchie au niveau de Timbo et des diwe comme Labé et Kébali, où Soriya [partisans d’Ibrahim Sory Mawdo] et Alfaya [partisans de Karamoko Alfa mo Labé] alternèrent de manière régulière au pouvoir.
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