L’article ci-dessous retrace les pas de Mansouka Koulibaly, un tirailleur sénégalais, enrôlé dans les troupes coloniales françaises durant la dernière phase de conquête des royaumes sénégalais au tournant du 19e siècle. Mansouka Koulibaly sera même déployé durant la “pacification” du Saloum, de la Casamance, du Dahomey et du royaume de Madagascar entre 1896 et 1899, sous le commandement de Galliéni, le second haut-commandant du Haut-Fleuve Sénégal-Niger (1886-1888).
L’histoire de Mansouka Koulibaly est fascinante à plusieurs égards. Elle se découvre à travers la recherche de Marie Rodet, qui se base sur les archives de ses déploiements militaires et via ses querelles avec un chef de canton du Kaarta, Gossi Koulibaly, pour lesquelles l’administration coloniale diligentera une enquête.
Mansouka Koulibaly, est capturé à 12 ans lors de la prise de Guémoukoura, place-forte des Massassi par les troupes d’Ahmad al-Madani Tall (1836-1897) en 1872. Séparé de sa mère et de ses frères et soeurs, il est probablement acheminé du Kaarta au Fuuta-Tooro avant d’être vendu comme esclave à l’escale de Dagana (à 870 kms de Guémoukoura), et de se retrouver à Saint-Louis du Sénégal. C’est 12 ans plus tard, qu’il s’engage au régiment des tirailleurs en 1884, alors que la phase de pacification finale s’annonçait. est particulièrement intéressante d’un point de vue sociologique et historique, sur les dynamiques et mutations alors en cours dans la région. L’histoire de Mansouka ne s’arrête pas là: affecté à Kaédi en 1898, il séjourne à Nioro, sa terre natale en 1898 durant un congé de convalescence où ses querelles avec le chef de canton massassi sur des biens et sur le statut de sa famille laissent des traces de son existence dans les archives coloniales et maliennes.
Dans son dossier militaire au moment de son premier recrutement il est indiqué qu’il est domicilié à Saint Louis. Le lieu de naissance indiqué sur plusieurs documents du même dossier militaire, dont son livret matricule, est Dagana, mais sur d’autres documents, Nioro, Soudan ou encore Kaarta sont mentionnés comme lieu de naissance. Lors des recrutements militaires, les officiers en charge ne se souciaient que peu de l’exactitude de l’état civil des engagés, ce qui explique souvent les changements d’état civil et plus tard certaines incohérences dans les dossiers de carrière. On peut supposer ici que Mansouka ait donné comme lieu de naissance, le lieu d’où il venait, en l’occurence Dagana, où même que quelqu’un d’autre qui connaissait moins ses origines ait donné ces informations à l’autorité militaire, le recrutant.
Ce billet se base sur le chapitre de Marie Rodet “Le sous-lieutenant Mansouka (c.1860-1920): un parcours d’esclave affranchi entre rébellion et allégeance au temps de la conquête coloniale française en Afrique” qui figure dans Résistances et mémoires des esclavages: espaces arabo-musulmans et transltlantiques, ouvrage édité par Olivier Leservoisier et Salah Trabelsi (Karthala: 2014). Pour Marie Rodet, les lettres de Mansouka Coulibaly et ses menaces envers Gossi Coulibaly, chef des Massassi de Farabougou, ” semble montrer les prémices des remises en cause plus massives d’après-guerre”. À l’heure où cette région du Mali est en prises avec un vaste mouvement anti-esclavagiste, et où Farabougou, la ville de Gossi, est sous le blocus de groupes armés, il est particulièrement intéressant de revoir l’histoire de Mansouka Coulibaly et de s’appesantir sur la portée de ses revendications.
Ci-dessus Marie Rodet:
J’ai pu retrouver ces documents dans le dossier 1 E 211 de la correspondance coloniale du cercle de Nioro car Gossi, suite à la
réception de ces lettres, alla se plaindre du sous-lieutenant Mansouka auprès du commandant de Nioro. S’en suit une série de correspondances qui nous permet de mieux comprendre la situation de Mansouka et de sa famille, de même que ses revendications. D’après l’enquête menée par l’administration du cercle de Nioro, la famille de Mansouka était « esclave de case » (wolosso en bamanakan) et appartenait à Moriba Couloubaly, Bambara massassi habitant Médina Coura12. Le dossier militaire de Mansouka que j’ai eu la chance de retrouver au Service historique de la Défense à Vincennes indique qu’il serait né vers 186013. L’enquête administrative révèle également que Mansouka aurait disparu pendant le siège de Guémoukoura (en 1872)14 par les troupes d’Ahmadou15, où il résidait avec sa famille16. Il ne serait revenu, dans le Kaarta, son pays d’origine, pour la première fois depuis sa disparition, qu’en juin 1898, pour un congés de convalescence suite à son affectation à Kaédi (Sénégal) en avril 1898 après son retour de Madagascar où il participa aux campagnes de 1897-1898.
Malheureusement, les sources ne nous permettent pas de comprendre les circonstances exactes qui ont amené Mansouka à s’engager chez les tirailleurs sénégalais. On peut cependant émettre quelques hypothèses: suite à l’attaque de Guémoukoura et la défaite des Bambaras massassis, Mansouka alors âgé d’une dizaine d’années fut sans doute pris en esclavage par les troupes d’Ahmadou et revendu au Sénégal à Dagana –Dagana était un lieu de transit important pour la traite interne en provenance du Haut-Sénégal et à destination de Saint-Louis et du Saloum (Moitt, 1989 : 33). Il est possible qu’il ait réussi quelques années plus tard à s’enfuir pour Saint Louis et à s’engager chez les tirailleurs vers 1884.Comme le rappellent Hanson (1994 : 55) et Moitt (1989 : 41), les fuites d’esclave dans les régions proches de Saint-Louis et Dakar et sur le fleuve Sénégal augmentèrent particulièrement dans les années 188019. La migration des Haalpularen dans le Kaarta et vers Ségou dans la deuxième moitié du XIXème siècle initiée tout d’abord par El Hadj Omar puis réactivée par son fils Ahmadou à partir des années 1870 (mouvementégalement appelé « Fergo Nioro ») a pu encourager certains esclaves de
la vallée du fleuve Sénégal à s’échapper vers Saint-Louis plutôt que de suivre leurs maîtres dans le Jihad vers l’Est. Suite à son engagement en 1884 à Saint-Louis, Mansouka participe à la plupart des campagnes coloniales en Afrique.D’après son livret militaire, il est au Soudan entre 1885 et 1889 où il participe sans doute aux campagnes de Gallieni (1886-1888)21. En 1889, Mansouka est en Côte d’Ivoire. En 1891-1892, il est de retour au Sénégal où il participe à la conquête de la Casamance (il est blessé à Nioro du Rip en 1891 toujours d’après son dossier militaire). En 1892-1893 il participe à la conquête du Dahomey. En 1894-1895, il est à nouveau au Sénégal avant de repartir pour Madagascar où il reste trois ans jusqu’en 1898.
Son dossier militaire indique qu’il rentre malade de Madagascar, son état de santé précipitant sans doute son rapatriement sur le Sénégal avec une réaffectation en avril 1898 à Kaédi. C’est suite à cette réaffectation qu’il prend un congé de convalescence dans le Kaarta où il reprend contact avec sa famille et tente de régler la libération de celle-ci en envoyant une lettre en juillet 1898 à l’administration de Nioro. Je n’ai malheureusement pas retrouvé l’original de cette lettre. Mais c’est probablement à cette demande que Mansouka fait allusion, dans sa lettre numérotée 1, lorsqu’il dit qu’il est libre et que sa famille n’a pas d’ordre à recevoir de Gossi. D’après le commandant de Nioro, dans le courrier que Mansouka lui a adressé, celui-ci déclare regrettable que la famille d’un officier indigène soit privée de liberté. Mansouka demandait dans cette lettre la libération de sa mère Fatimata Kanté et de ses six enfants, tous esclaves appartenant à Moriba Couloubaly, habitant de Médina Coura.
Sa mère alors qu’elle était chez Moriba Couloubaly aurait été prise par les troupes d’El Hadj Omar lors de la conquête haalpular du Kaarta massasi en 1854. Elle aurait par la suite réussi à rejoindre le frère de Mansouka à Guémoukoura. Elle fut cependant, après la prise de ce village par les troupes d’Ahmadou en 1872 (c’est également le moment
où Mansouka disparaît), ramenée chez son ancien maître bambara : Moriba Couloubaly [allié aux Oumariens].
On ne sait malheureusement pas dans quelles circonstances elle réussit à rejoindre Guémoukoura et comment elle fut ramenée par la suite chez son ancien maître. Mais comme beaucoup de captifs en période d’instabilité politique, on peut supposer qu’elle ait réussi à fuir et à rejoindre Guémoukoura après sa capture par les troupes d’El Hadj Omar qui pour beaucoup s’installèrent dans le Kaarta pour au moins trois décennies.(….)
Voici les deux premières lettre rédigées en arabe, que Mansouka a envoyées à Gossi lui enjoignant de ne pas considérer ses parents comme ses dépendants et de cesser ses abus à leur égard. Ces lettres soulèvent plusieurs questions que les archives ne permettent pas d’élucider. Si Mansouka a pu savoir tous ces détails sur la situation de ses parents, c’est qu’il devait être en contact avec eux ou des personnes de la région, qui ont pu lui faire remonter ces informations. Ce qui est intéressant est qu’il s’appuie sur le discours émancipateur de l’administration coloniale pour dénoncer la condition de sa famille, maintenue telle quelle par un chef indigène, auxiliaire de l’administration coloniale dans le Kaarta. Et il est probable que Mansouka ait eu l’appui d’un lettré en arabe pour rédiger ces lettres adressées à Gossi.
Traduction. n°1
Lettre du Sous Lieutenant Indigène Mansouka à Gossi son père chef des Massassis salutations. C’est pour t’avertir. A mon voyage dans le Kaarta,tu as pris 2 vaches chez mes parents. Il faut les rendre. Je ne te dois rien.Le jour que tu recevras ma lettre tu les rendras ainsi que mon non-libre appelé Sara. Gossi, si tu ne cesses pas de faire du mal dans les villages, tu auras de mauvaises notes des français. Tu seras puni. Je te conseille de bien veiller. Il est inutile que tu te fasses tort à toi-même. Autrefois, mon père était ton non libre (sic), mais maintenant tu n’as aucun droit sur nous. Ce n’est pas ni tes ordres ni tes affaires qui nous feront quelque chose. Ma famille est libre, c’est Dieu qui me protège. Ce n’est pas la peine de donner des ordres à ma famille, pour qu’elle te serve. Tu as vendu des non libres, il faut casser le marché avant que je revienne en décembre. Je viendrai vers toi, j’avertirai le Gouverneur et le Commandant du Cercle du mal que tu fais. Je dirai tout le mal. Je ferai partir de chez toi mes parents et leurs parents. Nous formerons un village de notre coté. Tu seras obligé de t’adresser à eux comme un roi. Moi aussi je suis comme un roi. Voilà pourquoi je t’envoie ces mots. Tu as choisi 2 non libres comme chefs, avec lesquels tu t’entends pour prendre les bien des autres non libres. Voilà ma parole.
Signé Mansouka, sous-lieutenant
Traduction. N°2. Lettre de Mansouka Couloubaly à Gossi Couloubaly à Lambé.
Salut, je me porte très bien. Comment te portes-tu ? Le jour ou [sic] tu t’es installé à Lambé, tu as fait un palabre avec les non-libres, une 1e fois tu as demandé : voulez-vous toujours faire du mal ? Non, nous sommes bien répondirent les non-libres, eh bien, nous déménagerons à Lambé, sans qu’il faille employer la force. Les Massassis n’ont pas voulu déménager. Ensuite, moi Mansouka, Gossi tu es mon supérieur – mais tout ce que te disent les Massassis il faut l’accepter et avoir de la patience. En restant tranquilles, les Massassis accepteront facilement toutes tes paroles.Ensuite, moi Mansouka, je connais toutes ces affaires. Tout le mal que tuf eras j’en avertirai le Commandant de Nioro. Toute cette affaire je l’ai laissée au Commandant. Tous les gens qui sont avec Gossi obéissent parla force et non de bonne volonté. Je t’ordonne de rendre un cheval pris à Diali Mory, de Farabougou. Si tu le lui rends, moi Mansouka Couloubaly, je le saurai. Salut
Il est important de souligner que c’est suite à une plainte de Gossi auprès du commandant du cercle de Nioro du Sahel, le lieutenant Moreau, des lettres de Mansouka que celles-ci ont été conservées dans les archives. La captitivité de case a été tolérée aux débuts de la pacification militaire pour des raisons politiques, principalement par les officiers militaires dirigeant ces expéditions, les fameux “Soudanais”. La mise en place d’une administration civile au Soudan français en 1894 a été difficile; le gouverneur Albert Grodet s’opposant presque sur tout (et en particulier l’arrêt des caravanes de traite et la captivité de case), aux officiers militaires commandant les postes avancés et voyant d’un mauvais oeil l’irruption d’un civil sur le précarré militaire. C’est sous l’impulsion du gouverneur-général de l’Afrique Occidentale française, Ernest Roume, que tout quiproquo sur cette question est enlevé, via des instructions précises aux administrateurs coloniaux, 25 avril 1905.
Le commandant de Nioro refuse finalement de donner une suite favorable à la demande de Mansouka car il estime que cette demande doit être directement adressée au gouverneur de la colonie. De retour à son régiment, il semble que Mansouka ait adressé par l’intermédiaire du colonel commandant supérieur des troupes à Saint- Louis une nouvelle réclamation au gouverneur général pour obtenir, comme dans la lettre n°2 adressée à Gossi pendant l’hivernage 1898, que sa famille soit libérée. Suite aux demandes de Mansouka, l’administration entre en contact avec Moriba Coulibaly pour connaître les intentions de celui-ci face aux revendications de Mansouka. La seule proposition finalement avancée par l’administration à Mansouka fin 1898 est le rachat suivant le prix proposé par Moriba Couloubaly qui, en septembre 1898, demandait deux cent quinze pièces de Guinée.
Selon Marie Rodet, les archives coloniales ne permettent pas de déterminer si la proposition faite à Mansouka a été acceptée par celui-ci, mais tout semble montrer que non si on se refère à une lettre de Mansouka à Gossi Koulibaly, envoyée depuis Kaédi entre septembre 1898 et février 1899 :
Voilà pourquoi je t’envoie cette lettre ; c’est pour t’avertir que je t’ai envoyé 2 lettres sur lesquelles je te réclamais les biens que mon père t’avait laissés ; depuis ce temps, je n’ai pas reçu de réponse à ces lettres ; j’ignore si tu as accepté ou non. Tu rendras tout ce qui appartenait à mon père (vaches, captifs, captives). Tu rendras tout cela et tu me l’enverras.
Je t’écris cette lettre pour t’avertir que je n’ai pas abandonné cette affaire ; elle n’est pas tombée dans l’oubli. Je sais que tu refuseras, mais tu me rendras compte de ce qui m’appartient. Quand j’irai chez toi, je me rendrai compte, car je sais déjà maintenant, et je te donne l’ordre de me restituer tous mes biens. Tu paieras tout, ou bien j’irai moi-même, je ne veux pas de querelle entre nous, car cela ne marcherait pas ; il y aurait querelle, il faut l’éviter. Si je t’envoie un délégué, rends lui les captifs, les vaches, les moutons, même un chien s’il y en a.
Je te préviens encore. La femme de Deissa Nadiera n’est pas une captive ; il ne faut pas la comprendre dans cette catégorie, il en est de même des autres qui sont dans le même cas. Je te défens de le faire. Je te préviens que tous les autres n’ont d’autres obligations que de payer l’impôt, tu n’as aucun droit sur eux. Si ma famille a fait de la culture ou du commerce, ce qui lui appartient est à moi.
L’affirmation quant au droit de Mansouka sur les biens et les revenus de sa famille est très forte puisque si les esclaves étaient autorisés à acheter des biens, voire des esclaves (le père de Mansouka comme Mansouka lui-même d’après les diverses lettres qu’il a envoyées semblent détenir des esclaves), le maître héritait toujours des biens de ses esclaves à leur décès.
Suite à cette dernière lettre, on perd les traces de Mansouka dans les archives du Soudan français jusqu’en 1917.
Son livret militaire indique cependant qu’il demeura à la 6ème compagnie du 1er régiment de tirailleurs sénégalais à Kaédi jusqu’au deuxième semestre 1903, période à laquelle il aurait été enlevé de cette compagnie « du fait de ses pratiques religieuses » et réaffectée au 2ème régiment de tirailleurs sénégalais pour finalement être transféré à Koury en septembre 1903. À cette époque, Kaédi était dans une effervescence religieuse avec l’arrivée de s déportés omariens et la présence de Cheikh Sidi Mohamed al-Akhdar (m.1909), le cheikh tijani algérien qui avait été expulsé de Nioro en 1900, et qui était passé à Kaédi à plusieurs reprises entre 1900 et 1906 durant son exil à Dakar. Cheikh Sidi Mohamed el-Akhdar avait également pris sous son aile, le jeune Sidi Mohamed Hamahoullah (1880-1943), qui deviendra son successeur spirituel, et fondateur du mouvement hamalliste.
Marie Rodet,se basant sur les écrits des auteurs comme Paul Marty et Adama Gnokane souligne que le camp des tirailleurs où était basé Mansouka entre 1898 et 1903 était tout proche de la mosquée de Gattaga, dont l’imam de de l’époque Alfa Sokhna Assa Diagana était un disciple de Haj Mohamed ould Mokhtar, un marabout de Nioro du Sahel, qui fut le conseiller spirituel et exécuteur testamentaire du chef massassi Bodian Koulibaly (m.1899). Mansouka a pu connaitre les développements dans sa région d’origne via ces connexions et s’enquérir du sort de sa famille. Kaédi était également fortement surveillé par les autorités coloniales qui préparaient déjà à l’époque la pacification du “Trab-el-Bidan”. Il continuera ensuite sur Tombouctou à partir de 1905 où il restera en poste jusqu’à sa retraite en 1910.
Après cette date, on retrouve les traces de Mansouka lorque’il se présente comme volontaire au poste de Kayes à l’annonce de l’entrée de la France dans la “Grande Guerre” (1914-1918). Une autre trace est laissée dans les archives en 1917 via une lettre de son fils, également sous-lieutenant au régiment des tirailleurs, déployé à Douala au Cameroun, où il demande des nouvelles de son père Mansouka qui était devenu chef du village de Zougokora dans le cercle de Nioro.
Le dernier document d’archive qui évoque le tirailleur Mansouka est le résumé du jugement faisant mention de son décès le 20 août 1920 et surtout du réglement de sa succession dans lequel il est indiqué qu’il est décédé en laissant plusieurs terrains, animaux et objets divers. Il est également précisé que Mansouka avait deux frères qui auraient quitté le pays depuis plusieurs dizaines d’années (sans doute entre 1898 et 1910 puisque son dossier militaire mentionne son frère comme sa seule familledans le Kaarta jusqu’en 1901). Le jugement précise également que Mansouka au moment de son décès avaient quatre femmes et dix enfants. Ce règlement de succession et son statut de chef de villagesemblent clairement indiquer la réussite de Mansouka en termesd’accumulation et de notabilisation en l’espace d’une vingtaine d’année depuis ses premières lettres de menace à Gossi Coulibaly en 1898.
Source: “Le sous-lieutenant Mansouka (c.1860-1920): un parcours d’esclave affranchi entre rébellion et allégeance au temps de la conquête coloniale française en Afrique” qui figure dans Résistances et mémoires des esclavages: espaces arabo-musulmans et transltlantiques, ouvrage édité par Olivier Leservoisier et Salah Trabelsi (Karthala: 2014)