So aɗa namnɗo, namnɗo gannɗo. So a wuuri, namnɗo. So a namndiima, majjata

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Petite histoire du Toro: entre les Seloobe et le Lam-Toro

L’article ci-dessous présente l’histoire récente de la province du Toro, l’une des huit provinces du Fouta-Toro, durant la période 1760 à l’an 1890, aux débuts de l’administration coloniale au Fouta-Toro. Il se base essentiellement sur les deux sources mentionnées à la fin de ce poste, et montre de quelle manière la révolution toroodo et la politique du premier Almaami, a influé sur le peuplement et sur la gouvernance de la province.

La majorité de la population du Toro était Pullo qui, à l’exception de deux colonies, étaient des pasteurs menant leurs troupeaux des plaines inondables autour du fleuve à la brousse sèche au sud de la zone habitée. Les Tukulors vivaient comme pêcheurs et agriculteurs dans les villages fluviaux, et s’adonnaient à l’agriculture sur les champs nourris par la crue annuelle.Les Fulɓe étaient organisés sous leurs propres chefs connus sous le nom d’Arɗo ou Joom, qui étaient très autonomes.

Trois grandes autorités Fulɓe commandaient dans le Toro, avec d’autres chefs sous leur tambour. De l’ouest à l’est, il s’agissait de Jom Bawtoungoul, Arɗo Geɗe et Arɗo Edy.

Trois grandes autorités Fulɓe commandaient dans le Toro, avec d’autres chefs sous leur tambour. De l’ouest à l’est, il s’agissait de Jom Bawtoungoul, Ardo Guede et Ardo Edy.

À l’est d’eux, se trouvaient des Fulɓe connus sous le nom de Halayɓe [Kalaajo, sing.] qui avait traversé la rive sud de la région de Boghé; ils se sont déplacés entre les sites de Dara, NDormbos, Demette et Hayre [Aéré-Lao]. Ils nient que le Lam Toro ou tout autre chef avant la période coloniale. Les villages de Toro vivaient sous les leurs Laamɗo wuro [chef de village], généralement descendants des premiers occupants ou de conquérants plus tard, qui étaient responsables envers le Lam Toro ou à l’est, Farba Walalde. Le Toro a subi les mêmes pressions de la part des Maures qui avaient conduit les gens de la rive droite à la gauche en d’autres endroits. Les Brakna étaient en grande partie responsables de ce cas, bien que les Trarza aient probablement été impliqués dans la région aussi. Les populations toorankooɓe se sont déplacés vers les sud depuis plusieurs siècles; anciennement le Fouta s’étendait aussi loin au nord jusqu’à Aleg [Hayré-Mbar]. La période révolutionnaire semble avoir été un de mouvement spécial, cependant, forçant finalement les populations noires à se déplacer de la rive droite à la rive gauche dans des zones plus sûres mais moins fertiles. Les témoignages sont presque unanimes qu’un groupe de villages dans l’ouest de Toro, peuplé d’agriculteurs et de pêcheurs connu sous le nom de Seloobe, venait de la rive nord à l’époque de Suleyman Bal [v.1726-1776] et Abdul Kader [v.1721-1806]. C’étaient des musulmans, et un informateur affirme qu’Abdul Kader les a fait venir afin d’affaiblir les chefs « païens » [fulɓe] du Toro. C’est possible, mais il est tout aussi probable que les conditions de vie sur la rive droite étaient devenues intenables et cette consolidation de la population de la rive gauche prévoyait une sécurité contre le Brakna. Les Maures ont gardé le contrôle des champs de la rive droite jusqu’à la fin du XIXe siècle, preuve de leur force et de la peur qu’ils inspiraient chez les Foutankooɓe. Au sein du Toro, les Seloobe [sing. Celo’o; cf. le nom de famille Thiello] formaient un groupe spécial distinct des Fulɓe. Leurs villages bordant le sud du fleuve et le marigot de Doué- Diatar, Donaye, MBoyo, NDiawara, Diama al-Wali. D’autres villages avec les chefs ou quartiers musulmans s’étaient également associés à eux mais il n’est pas certain qu’ils appartenaient à la même population d’origine. C’étaient les villages de As, de Thiofi [Coofi], de Halwar, de NDioum, de Thielao [Celao] et de Dodel.

La migration des Seloobe et d’autres populations de la rive droite a fait avancer la cause de l’islam dans le Toro [au détriment des chefs historiques comme le Lam Toro, Arɗo Guédé/Mbantou et Farba Walaldé].

Il faut se rappeler que Toro n’était pas sans des familles cléricales renommées. C’est de cette province que vient Suleyman Baal et deux de ses proches [Hammad Lamine Baal, 1797 et Bokar Lamine Baal, 1807-8;1810] qui étaient parmi les premiers almameeɓe – et al-Hajj Umar [v.1797-1804], originaire de Halwaar [qui est quand même un village Seloobe; Il faut noter que Bodé, le village de Thierno Sileymane Baal se trouve à la frontière du Tooro et du Laaw et est généralement identifié comme étant un village du Laaw]. L’un des envoyés religieux d’Abdul Kader au Kajoor était un clerc de Mbantou [il s’agit de Tafsir Hammad Ifra Ba de Mbantou qui sera exécuté par le Damel Amari Ngoné Ndella Coumba, dans le cadre de sa lutte contre les marabouts du Njambuur], un village de Peuls sédentaires à l’ouest de la province du Toro. Malgré la présence de telles sommités religieuses, et la conversion rapportée du Lam Toro après son défaite par Suleyman Bal, le Lam Toro [Dethié Sall, beau-fils du dernier Saatigi Sule Buubu Gaysiri] a conservé la réputation, même chez Toorankooɓe, d’être plus irréligieux que musulman jusqu’à l’époque d’al-Hajj Umar Tall , et ses sujets ont partagé cette réputation en partie.

Liste des Lam-Tooro entre 1854 et 1891:

Le Lam-Toro est probablement l’un des plus anciens seigneurs féodaux du Fouta. De patronyme Sall, le Lam-Toro devait appartenir à une des deux branches « Déthié » ou « Hammadi Ngaye » de cette famille dont le fief était Guédé.

  • Début 1854 : Djiby Samba Sall (Déthié)• Début 1854-Juin 1855 : Hammadi Ali, fils de Ciré (Déthié). Juin 1855- Début 1856 : Interrègne.
  • Début 1856-Février 1859 : Hammadi Ali, à nouveau. Émigre à Nioro en 1859 à la suite de Cheikhou Oumar, pour la campagne de Ségou.
  • Avril 1859-Novembre 1860 : Hammadi Bokar (Hammadi Ngaye). Signe le traité de protectorat avec Faidherbe qui détache le Toro du Fouta.
Traité de paix entre la colonie du Sénégal et le chef du Toro (10 avril 1859). Ce traité ne fut pas reconnu par l’Almaami du Fouta, ni par le collège des électeurs, ni par les autres dynastes du Toro
  • Novembre 1860-Février 1863 : Ciré Guéladio (Déthié). Pro-français. Est fait prisonnier et exécuté dans le Laaw par Samba Oumou Hani, durant le « duppal Borom Ndar » (Ravages du gouverneur Jauréguiberry contre le Fouta en 1863
  • Mars –Aout 1863 : Samba Oumou Hani (Déthié), fils de Djiby Samba Sall. Ennemi des français, il est déposé et s’exile ensuite à Nioro, où il se distingue aux armes, en vainquant des troupes Awlad Mubarak qui menaçaient/assiégeaient la ville de Nioro.
  • Septembre 1863-Aout 1869 : Mouleye Paté (Hammadi Ngaye).
  • Aout 1869- Juillet 1878 : Samba Oumou Hani (Dethié), à nouveau. S’allie avec Saint-Louis face aux Mahdiyankoobé qui contrôlent une bonne partie du Toro, et sapent son autorité suite à son alliance avec les Français. Il meurt de mort naturelle en 1878.
  • Juillet-Octobre 1878 : Interrègne.
  • Octobre 1878-Mai 1881 : Mamadou Mbowba (v.1850-1888), fils d’Abdoul, fils de Lam-Toro Djiby Samba Sall. Sa mère est la formidable Mbowba Ndiack Moktar Bâ de Podor et il a eu pour beau-père son oncle Lam Toro Samba Oumou Haani mais aussi Ibra Almamy Mamadou Birane de Mboumba. Ancien élève de l’école des ôtages et lieutenant des spahis, il prend part à la campagne de Pons au Fouta, de 1881. En conflit avec les Halaybe mais aussi avec les chefs de village qui sont plus diligents envers le commandant de Podor qu’envers lui, il est déposé par Saint-Louis en 1881. Lam-Toro Mamadou Mbowba meurt à Toulon en 1888 alors qu’il suivait une formation militaire.
  • Juin-Novembre 1881 : Hamme Gaisiri (Déthié), fils d’Ali, fils de Samba. Neveu de Lam Toro Djiby Samba et cousin germain de Samba Oumou Hani, Hamme Gaisiri aurait été empoisonné. Le Lam-Toro Hamme Gaysiri avait suivi El Hadj Omar à Nioro pour les campagnes de Ségou et du Macina. Il fut proclamé Lam-Toro quelque temps après son retour mais ne régna pas longtemps.
Aucune description de photo disponible.
Le Lam-Tooro Bokar Sidiki Sall et ses courtisans (1880s)
  • Janvier 1882- Décembre 1887 : Bokar Sidiki Sall (Déthié), fils de Mamadou, fils de Lam-Toro Diby Samba Sall. Régulièrement en conflit avec les commandants de Podor et les chefs de villages et de campement. L’administration coloniale n’avait pas clairement défini le rôle qu’elle voulait pour le Lam-Toro dont l’autorité était régulièrement minée par ses chefs de villages qui interagissaient directement avec le commandant du fort de Podor. Bokar Sidiki Sall fut accusé d’être derrière l’assassinat du commandant de Podor Abel Jeandet par Baidy Kaccé Pam [1866-1890]. Jeandet et Lam Toro Sidiki ne s’entendaient pas du tout et lorsque ce dernier, déposé en 1887, se porta candidat à nouveau en mars 1889, Jeandet qui faisait le décompte des votes des chefs de village nota dans une lettre que son ennemi Bokar Sidiki « amoul dara » [N’as pas eu de vote, en wolof]. Lam-Toro Bokar Sidiki Sall, de même que son cousin Mamadou Yero Sall et Baidy Kaccé Pam furent exécutés sans procès par le commandant Aubry-Lecomte. Suite à ces exécutions, la veuve du Lam Toro, Ndiereby Bâ, se rendit en cachette à Saint-Louis où elle avait décidé d’intenter un procès contre Aubry-Lecomte. Ce dernier fut exfiltré vers Bathurst [actuellement Banjul], capitale de la colonie britannique de la Gambie où la justice ne pouvait l’atteindre. Aubry-Lecomte retournera en grâce et deviendra directeur des Affaires indigènes de la colonie du Sénégal en 1901.
  • Décembre 1887-Mars 1889 : Hammadi Nataago (Hammadi Ngaye).
  • Mars 1889-Aout 1890 : Sidi Abdoul Djiby Samba Sall [ou Sidy Mbowba], frère de Mamadou Mbowba et demi-frère utérin de Elimane Abou Kane de Thioffi (1859-1917). Les français le percevaient comme étant trop sous la dépendance de sa mère Mbowba Ndiack et de son frère Elimane Abou et pour « libérer » le Lam-Toro assignèrent ceux-ci en résidence à Podor, suite à l’assassinat de Jeandet.

Après la déposition du Lam-Toro Sidi, les chefs du Tooro deviennent des chefs de canton, insérés dans l’administration coloniale embryonnaire.

Source:

  • James P. Johnson. ” The Almamate of Futa Toro, 1770-1836: A Political History”, The University of Wisconsin – Madison. ProQuest Dissertations Publishing, 1974. 
  • David P. Robinson. 1975. Chiefs and clerics : Abdul Bokar Kan and Futa Toro, 1853-1891 (Oxford: Clarendon Press)
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