Samba Gelaajo Jeegi est l’un des Satigi les plus connus du Fuuta-Tooro, en dépit des sources parcellaires sur sa vie, et de la nature instable de son règne, et des divisions internes soldées par le sang auxquelles il a participé. Il est érigé au panthéon des Satigi au même titre que le fondateur de la dynastie dényanké Koli Tengella, alors que d’autres grands souverains tels que Saawa Laamu (r.1610-1640) sont beaucoup moins connus.
Cette célébrité vient en grande partie de la transfiguration du personnage historique en figure épique, qui ont fait de lui la figure représentative du héros peul, païen et honorable, qui répondait au triptyque de « hulataa, doggataa et ñamataa gacce » (Le héros qui n’a jamais peur, ne fuit jamais le combat, et ne tolère pas le déshonneur).
La popularité de Samba Gelaajo a été facilitée par la popularité du chant « Lagiya » qui célèbre sa vie et qui a été composé par son griot Séwi Malal Layaan. La légende raconte que le griot aurait composé “Lagiya” en se basant sur le chant d’un oiseau que Samba aurait beaucoup aimé, lorsqu’ils étaient tous seuls près du fleuve. Lagiya a été interprété par divers chanteurs, comme le griot de Linguère Samba Diabaré Samb (1924-2019) ou le chantre de la culture pulaar, Baaba Maal. Cet air et quelques uns de ses vers sont tellement populaires qu’ils apparaissent dans des chansons de mbalakh de Pape Diouf et de Sidy Diop (je pense au “Wuleee ña Ngay! Joom Fari Mbaraagu“). Si cet air est intimement et historiquement associé à Samba Gelaajo, il est aussi un référent à l’ethique ceddo des souverains du Fouta d’avant 1776, contribuant à faire de Samba Gelaajo, une figure épique dominant le personnage historique.
Laguiya par Baaba Maal qui intègre la voix de Samba Diabaré Samb (1924-2019)
Séwi Malal Layaan incarne la figure héroïque du griot, qui rappelle dans l’épopée, à Samba l’orphelin, ses droits au turban (lefol), la revanche contre ceux qui ont assassiné son père, le Saatigi Gelaajo Jeegi, qui lui reste fidèle jusqu’à sa mort, et qui célèbre et pérennise la réputation de son Pullo bien après sa disparition.
L’épopée de Samba Gelaajo Jeegi dans la littérature
L’épopée de Samba Gelaajo est recueillie très trop par les sources européennes et vulgarisé assez vite à un auditoire allochtone. L’explorateur Anne Raffenel en collecte une version au Fouta-Toro durant les années 1840. Une « Ballade de Samba Foul » est publiée par Bérenger-Féraud en 1885 dans ses Recueils de contes populaires de la Sénégambie, basée principalement sur le long récit collecté par Raffenel quarante ans plus tôt. Victor-Ecquilbecq recueille encore une version de l’épopée en 1913-14, transmise par un Boubacar Mahmadou, dans ses Contes indigènes de l’ouest africain français, qui ne seront publiés qu’en 1974. Une autre version recueillie a été transmise à Écquilbecq par le faama de Sansanding, Mademba Sy (1842-1918). L’ethnologue allemand Leo Frobenius publie une version de l’épopée dans son recueil sur les traditions ouest-africaines, Atlantis.
Avec le mouvement de la négritude, l’épopée de Samba Gelaajo Jeegi est davantage vulgarisée. Abdoulaye Sadji en publie des versions dans « Ce que dit la musique africaine » et « L’Éducation africaine » alors que Leopold Sedar Senghor lui-même se base sur la « Ballade de Samba Foul » de Bérenger-Féraud, publiée de manière anonyme dans une édition du magazine Présence Africaine (2e et 3e numéro) sous le titre de « Balade toucolore de Samba-Foul » (27-49). Cette « Balade toucolore » qui est basée sur celle de Bérenger-Féraud, apparaîtra dans la Section « Traductions » (230-244) des Poèmes (1964) de L.S.Senghor, et dans son Œuvre Poètique, publiée en 1991.
En 1970, Oumar Kane a publié à la fois une reconstitution de la légende par l’histoire (“Samba Gelaajo-Jeegi”) et un réexamen de la chronologie (“Essai”). Amadou Ly a publié une traduction française, basée sur une performance enregistrée de Pahel Mamadou Baila. Samba Ndaw Sar a publié un extrait d’une autre performance dans Demb ak Tey: Cahiers du mythe en 1984.Une autre version transcrite, collectée en Mauritanie d’Amadou Kamara par Issaga Correra, a été publiée en 1994 sous le titre Samba Guéladio. Épopée peule du Fuuta Tooro. Dans sa préface au livre d’Amadou Ly, Lilyan Kesteloot note qu’Abel Sy a également transcrit une version, disponible sous forme manuscrite dans la bibliothèque de l’IFAN (tout comme les textes en langue originale des versions Ly et Correra). Au-delà de ces ouvrages, sa figure apparait sous une dimension beaucoup plus historique, dans les Chroniques de Siré-Abbas Soh et de Cheikh Moussa Kamara.
Samba vit à une époque où les Dényankè sont en crise, après le mouvement de Sharr-Buuba (clercs musulmans) qui secoue les royaumes de la Sénégambie et qui s’achève par la défaite des clercs musulmans hostiles aux dynasties préexistantes et par l’ascendance des Beni Hassan, victorieux des berbères de Nasr-ed-Dine, et qui vont exercer une pression sur les royaumes de la vallée du fleuve Sénégal tout au long du 18e siècle jusqu’à la révolution tooroodo (1776). Une mission d’un prince denyanke Gakou Dewal Gaysiri Saawa Laamu, auprès du sultan marocain Moulay Ismail, sollicitant un appui dans les luttes de factions de l’époque, va favoriser la descente de mercenaires Salétins appelés Hormans (ou Hormaankoobe en pulaar) dans la vallée, et la déliquescence progressive du pouvoir central. À cela s’ajoute les pressions liées à la traite négrière qui favorisent les jeux de pouvoirs entre les dynastes.
Le Satigi de l’époque, Siré Tabakaali (r.1669-1702) (ou Siré Sawa Laamu) aurait perdu le trône durant son règne durant les années 1670-80 avec l’ascendance des clercs musulmans, qui auraient été soutenus par son neveu Sammba Boyyi. Après lui, le règne des Satigi devient beaucoup plus instable et plusieurs souverains souffrent de morts violentes durant les deux premières décennies du 20e siècle. Interférence des acteurs externes dans les querelles de succession entre les dynastes dényanké. Le Saatigi Samba Doonde (1707-1709) est assassiné par son cousin Buubakar Siré Tabakaali qui lui succède et qui règne de manière discontinue entre 1709 et sa mort en 1723.
Samba Gelaajo Jeegi est le fils du Satigi Gelaajo Jeegi et de Koumba Jorngal Niima Maali [ou Koumba Jorngal Ali Hammadi Bedinki], une femme cayboowo de Jowol. Les sources anglaises se référant à Ayoub Souleymane Diallo [Job ben Solomon; v.1700-1770] le présentent en autre comme un de ses condisciples.
Gelaajo Jeegi, le père de Samba [et frère des Satigi Samba Boyyi (1702-1707) et Samba Donde (1707-1709] aurait régné entre 1710 et 1718 mais fut assassiné par son prédécesseur, Buubakar Siré, qu’il avait renversé. Gelaajo Jeegi aurait subi l’opposition de ses neveux [fils de Samba Boyyi et en particulier Boubou Moussa] et s’était allié avec la Compagnie du Sénégal pour asseoir son trône et lutter contre les Hormans. C’est sans doute de cette opposition qu’est née la tradition selon laquelle il aurait été tué par son neveu Buubu Muusa, qui règne entre 1721 et 1730. Samba Gelaajo Jeegi est forcé à l’exil à la mort de son père alors que son cousin (ou son oncle dans la narration épique) accède au trône. Samba Gelaajo héritera de cette inimitié comme le rapporte ces vers collectés par Raffenel.
Il est parti, Samba, fils de Galadieghi. II est parti pour fuir son oncle Abou Moussa (Buubu Muusa) qui lui a pris les biens de son père! II est parti, le front baisse mais l’oeil en feu; le front baisse par la douleur, car il a quitté son pays, sa famille, ses troupeaux, ses captifs; l’œil en feu, car il emporte sa vengeance et Allah le gardera pour l’accomplir. (Raffenel 323 or Equilbecq, Légende 46).
Samba Gelaajo, le héros de l’épopée
Ainsi durant son exil, accompagné de son griot Sewi Malal Layaan qui lui prodigue des conseils de vie sans fin et de son fidèle serviteur Doungourou, Samba sollicite l’appui de divers chefs locaux comme le tunka de Gajaaga et Elel bil Jikri, assimilé à un chef des Hormans, Sidi Elel Bil Jikri. Le Samba de l’épopée est courageux mais sans pitié pour ses ennemis et impatient avec ses amis lorsqu’ils entravent ses désirs. Cela traduit bien la violence de l’époque durant laquelle le personnage historique a vécu et les difficultés politiques de son règne. Il accomplit beaucoup de faits héroïques comme lorsqu’il tue le « Guinaarou », un monstre vivant sur le fleuve Sénégal et obtient de lui un fusil magique.
« Ils ont marché quinze jours encore, en pleine brousse, et l’eau est venue à manquer.
– Samba, dit le griot, je ne peux plus avancer ; je vais mourir ! Samba a conduit Sêvi à l’ombre d’un arbre et lui a dit ainsi qu’à Doungourou, son captif :
– Attendez-moi ici. Il est parti sur Oumou Latôma, sa jument. Il a continué son chemin pendant deux heures et est enfin arrivé à une mare.
Là, il a aperçu un guinnârou de très haute taille en train de se baigner.
Le guinnârou se tourne vers lui et de toutes les parties de son corps jaillit du feu. Samba ne s’effraie pas, il le regarde bien en face.
Alors le guinnârou se fait grand jusqu’à toucher le ciel de sa tête.
– Que fais-tu là ? lui demande tranquillement Samba. Tu veux voir si j’aurais peur de toi ?
Le guinnârou devient plus petit :
– Jamais, dit-il, je n’ai vu d’homme si brave que toi. Eh bien ! je vais te donner quelque chose, et il lui tend un fusil :
-Samba, demande-t-il, sais-tu le nom de ce fusil-là.
– Non, répond Samba, je ne le connais pas.
– Son nom est Boussalarbi, reprend le guinnârou. Il te suffira de le sortir de son fourreau pour que ton adversaire tombe mort. Samba enlève sa peau de bouc de ses épaules. Il entre dans la mare pour puiser de l’eau et quand l’outre est remplie, il la place sur sa jument :
– Bon, se dit-il, je vais me rendre compte si ce que m’a dit le guinnârou est ou non la vérité.
Il sort le fusil du fourreau et le guinnârou tombe mort.
Ceci fait, Samba retourne à l’endroit où il a laissé ses gens, et trouve son père le griot qui chantait les louanges de Samba. Il lui fit boire de l’eau ainsi qu’à son captif. Le griot lui dit alors :
– Eh bien ! Samba, qu’est-ce que ce coup de fusil que j’ai entendu au loin ?
– C’est moi qui l’ai tiré, répondit Samba. Et il lui raconte l’aventure du guinnârou, et ce qu’il a fait de celui-ci :
– C’est mal, répond le griot, c’est très mal ce que tu as fait là ! Quelqu’un qui te fait un tel cadeau, tu vas le tuer. Tu as agi injustement.
– J’ai bien fait, répliqua Samba. Puisque je suis passé par ici, il pourrait en passer d’autres encore. Il n’y a pas que moi qui sois fils de roi, et le Fouta compte beaucoup de fils de rois, et il y en a beaucoup de braves dans le nombre. Tous sont aussi hardis que moi. Aujourd’hui, le guinnârou m’a donné ce fusil et demain il aurait fait un semblable présent à quelque autre. Il a fini de faire des cadeaux désormais. Personne ne possédera un fusil semblable au mien. Je suis le seul à en avoir un si merveilleux Après cela, ils se sont décidés à aller plus loin.
Pour Serigne Seye, l’acquisition de ces armes magiques par des êtres extraordinaires au héros, est similaire au “dons” que le génie Koumen/Caamaba offre aux bergers qui ont sa faveur. Ainsi il voit en le guinnârou, une hypostase de Caamaba; et en le génie de la mare (Mbolo Gawde) et l’esprit Kakoli (qui sont mentionnés dans la version d’Amadou Kamara recueillie par Issagha Correra), d’autres hypostases qui en donnant des talismans et armes (le fusil Boussalarbi/Boussé Larway et le couteau Jiliki Mbañ Mbañ) au guerrier, lui permettent d’accomplir sa glorieuse destinée.
L’autre fait intrépide de Samba noté dans l’épopée est la mise à mort du caïman Niabardi Dalla, qui empêchait les habitants d’une ville d’avoir de l’eau en tout temps.
« Au bout de quelques jours, ils arrivent à la capitale du pays d’Ellel Bildikry. C’est une ville plus vaste que Saint-Louis. Depuis près d’un an, on n’y avait pas bu d’eau fraîche. Un grand caïman se tenant dans le fleuve et empêchait les habitants d’y puiser de l’eau. Chaque année, on livrait une jeune fille bien vêtue, avec des bijoux d’or aux oreilles, des bracelets aux poignets et aux jambes, aussi parée en un mot qu’une fille de roi. Le caïman était très exigeant et s’il ne la trouvait pas assez bien vêtue, il refusait l’offrande et leur interdisait de renouveler leur provision d’eau annuelle.
Au moment de l’arrivée de Samba, on était au dernier jour de l’année et les habitants se disposaient à livrer le lendemain une jeune fille au caïman, Niabardi Dalla.
Samba s’arrête vers minuit devant une case de captifs qui se trouvait un peu à l’écart du village. Il appelle la captive qui était dans la case en lui disant :
– Donne-moi de l’eau, car j’ai soif. La captive rentre chez elle. Il y avait dans son canari de quoi remplir tout au plus un verre d’eau et cette eau était corrompue. Elle l’apporte néanmoins à Samba.
Celui-ci prend l’eau et la flaire et lui trouvant une mauvaise odeur, il frappe la femme qui tombe à terre quelques pas plus loin :
– Comment, s’écrie-t-il, je te demande de l’eau et c’est une telle saleté que tu m’apportes !
– Oh ! Mon ami, répond la femme, il n’y a plus d’eau dans le pays. Avant d’en avoir de nouvelle, il nous faut sacrifier une fille de roi.
– Eh bien, va, ordonne Samba. Montre-moi le chemin du fleuve
Je vais aller abreuver ma jument sur-le-champ !
La captive s’effraie :
– j’ai peur d’aller au fleuve, dit-elle. Demain, le roi verrait la trace de mes pas sur la route, et il me demanderait :
« Pourquoi y es-tu allée, puisque je l’ai défendu à tous ? ».
Samba se fâche :
– Si tu refuses de me conduire, menace-t-il, tu vas périr de ma main ! Prends le licol, Doungourou, et passe-le au cou d’Oumoullatôma.
– Et toi, femme, marche devant moi.
Le captif se met en marche, menant après lui la jument. La femme leur montre le chemin :
– Il mène tout droit au fleuve, dit-elle.
Samba, qui a pitié de sa frayeur, la remercie et la laisse s’en retourner.
Samba a marché jusqu’à ce qu’il arrive au fleuve. Il ordonne à son captif de se déshabiller et d’entrer dans le fleuve avec la jument pour la baigner. Le captif se dépouille de ses vêtements et entre dans l’eau. Et, aussitôt, du milieu du fleuve, Niabardi Dalla, le caïman, les interpelle :
– Qui va là ? Crie-t-il.
– C’est un nouvel arrivé, lui répond Samba.
– Eh bien, le nouvel arrivé, que viens-tu faire ici ?
– Je viens boire !
– Si tu viens pour boire, bois seul et ne fais pas boire ton cheval !
– Le nouvel arrivé va abreuver sa jument ! réplique Samba. Il va boire aussi et avec lui son captif. Rentre dans le fleuve, Doungourou.
Le captif obéit. La jument gratte l’eau avec son pied
– Eh bien ! le nouvel arrivé, tu m’agaces, sache-le !
Niabardi se dresse au milieu du fleuve et toute l’eau brille comme du feu.
– Si tu as peur de ce que tu vois, crie Samba à Doungourou, et que tu lâches ma jument, je te tue en même temps que le caïman ! Après ces paroles, le captif tient ferme la jument. Le caïman vient à lui, les mâchoires grandes ouvertes, l’une en bas, l’autre en haut et, de sa gueule, le feu sort en abondance. Quand il est tout près, Samba tire sur lui. Le caïman est mort et le fleuve tout entier devient couleur de sang.
– Où as- tu pu te procurer tant d’eau ? leur demande-t-elle. Et Samba :
– Tu as la langue trop longue. Puisqu’on te donne de l’eau, tu n’as qu’à boire, sans te préoccuper d’où elle vient.
Samba ne réclame pas immédiatement ce haut fait mais procède un peu comme Cendrillon, mais avec plus de libre arbitre. Il dépose ses chaussures et ses bracelets près du corps du monstre trucidé, afin de prouver sa valeur aux habitants de la ville et que tous la lui reconnaissent. Ainsi,
Après avoir tué le caïman Samba en avait découpé un lambeau et l’avait emporté avec lui. Il avait aussi laissé à l’endroit du combat ses bracelets et une de ses sandales, car il savait bien qu’il n’y aurait personne capable de chausser sa sandale ou de s’orner les chevilles et les poignets avec ses bracelets. Samba a les pieds très petits.
Le lendemain, le roi Ellel Bildikry a convoqué tous les griots pour sortir du village et emmener la jeune fille au caïman qui permettra aux habitants de s’approvisionner d’eau.
On est allé chercher la jeune vierge et on l’a placée sur un cheval. Tous les griots la suivent en chantant :
– Ah Jeune fille, disent-ils, tu es pleine de courage. Le caïman a mangé ta grande sœur. Il a mangé ton autre sœur aussi et tu n’as pas peur de lui. Nous allons avoir de l’eau.
– Les griots chantent ainsi. Ils disent les cent victimes que le caïman a dévorées. Les voici tout près du fleuve. Ils font descendre la jeune vierge. Les autres fois, la jeune fille s’avançait assez loin dans l’eau, puis le caïman venait la happer. Celle d’aujourd’hui entre dans le fleuve et va jusqu’à ce qu’elle ait de l’eau à la hauteur de la poitrine. Elle grimpe sur la tête du caïman et s’y tient debout.
– Le caïman est là, dit-elle, et je suis sur sa tête.
Et les gens ont dit :
– Le caïman est irrité. Tu as eu des relations avec un homme. Tu n’es plus vierge ! Oh quel malheur ! C’est un jour maudit pour nous que celui-ci. Tu es une fille indigne !
Et aussitôt, ils sont allés chercher une autre jeune fille. La première, cependant, se défend avec indignation :
– Vous mentez, dit-elle. Depuis que je suis née, aucun homme ne m’a touchée ! Jamais je n’ai partagé le lit d’un homme !
L’autre jeune fille a consenti à être sacrifiée au caïman :
– J ’y vais ! a-t-elle répondu !
Elle est venue. Elle aussi est montée à côté de l’autre. Toutes deux maintenant, elles se tiennent sur la tête du caïman. Et son père s’écrit :
– Le caïman est mort !
– Que tout le monde entre dans le fleuve ! Permet alors le roi. Nous allons voir si c’est vrai ou non. Tout le monde est entré et on s’est rendu compte qu’il était vraiment mort.
– Eh bien ! dit le roi, le premier qui dira qu’il a tué le caïman, s’il peut en donner la preuve, aura de moi tout ce qu’il demandera.
Ils sont là, un tas de menteurs, qui crient :
_ C’est moi qui l’ai tué !
– C’est moi qui suis venu hier soir ici !
– Le caïman voulait me manger, je l’ai tué !
Chacun raconte son histoire pour persuader le roi qu’il est le vainqueur du caïman et gagner une récompense.
Un captif qui se trouve là a ramassé les bracelets et la sandale :
– Voilà les bracelets du vainqueur, dit-il, et voilà sa sandale : c’est celui à qui tout cela appartient qui a tué le caïman.
– C’est bien, a décidé le roi, celui qui pourra mettre ces bracelets et chausser cette sandale, à qui ils ne seront ni trop grands, ni trop petits, c’est celui-là qui a tué le caïman. Ce sera lui qui recevra la récompense !
Chacun est venu, pour tenter l’épreuve. Mais personne ne peut réussir. La captive s’est alors avancée :
– Il y a un nouveau venu ici, dit-elle. Il est descendu dans ma case. A son arrivée, il m’a demandé de l’eau. Je lui ai donné de l’eau est corrompue, la seule que j’avais.
Quand je la lui ai donnée, il m’a frappée. Ensuite, il est parti et est resté dehors trois heures de temps.
et lorsqu’il est revenu, il m’a donné de la bonne eau. Il n’y a qu’à l’appeler pour voir. Pour moi, je suis sûre que c’est lui qui a tué le caïman.
Alors le roi a envoyé des hommes chercher le nouveau venu :
– Qu’on me fasse venir cet étranger, dit-il. Vous lui ferez savoir que c’est le roi qui le demande.
Les envoyés de l’almamy vont à la case. Ils ont trouvé Samba couché. Ils lui donnent une tape pour le réveiller. Samba, furieux d’être troublé dans son sommeil, leur allonge un coup de pied.
Alors, le roi envoie un autre homme pour tenter de le réveiller.
– Laisse-moi dormir, jusqu’à ce que j’aie fini, lui crie Samba. Si on m’envoie encore quelqu’un, je le tuerai !
L’envoyé revient. Il raconte la chose au roi.
– C’est bien ! Décide-t-il, je vais rester jusqu’à ce qu’il ait fini son sommeil.
Ils ont attendu deux heures de temps. Samba se réveille enfin. Il vient au fleuve.
Il salue le roi et le roi répond à son salut. Puis, il lui offre une place près de lui et l’invite à se reposer. Puis, prenant les bracelets et la sandale et les lui montrant :
– Est-ce à toi, tout cela ? Lui demande-t-il. Samba sort alors de sa poche l’autre sandale et se chausse les deux pieds. .. Eh bien ! dit le roi, tu vas venir loger chez moi. Et il lui donne une grande case, très haute, un vrai palais.
Le roi envoie des hommes chercher les bagages de Samba, amener ses captifs et sa jument. Tous sont installés dans le carré du roi. On tue des moutons en quantité, Samba reste deux mois près de lui et, tout ce temps-là, Samba avait sans cesse des jeunes filles chez lui. Au bout de ce temps, le roi a fait appeler son hôte :
– Dans quelle intention es-tu venu dans ce pays ? De quoi as-tu besoin ?
Et Samba a répondu :
– Je n’ai besoin que de guerriers !
Ellel Bildikry a mandé tous ses notables et leur a dit :
– Le vainqueur du caïman nous demande de lui donner des guerriers.
(« La Geste de Samba Guéladio Diégui”, Anthologie nègre de Blaise Cendrars).
Malgré ces hauts faits d’armes, Samba n’a pourtant pas les guerriers qu’il souhaite pour renverser Buubu Muusa. Elel Bil Jikri le fait attendre et lui demande d’autres faits de valeurs, comme la razzia des troupeaux d’un roi « Birama Ngouroori » [ou Birama Gouriki dans d’autres versions], défendus par 300 bergers. Le Samba de l’épopée est brave jusqu’à l’excès et se dandine au combat sur ses différents ndimaagu, les coursiers pur-sang.
Ainsi pour Farba Gawlo Sally Seck (1945-2013), dans une version recueillie par Abdoul Aziz Sow dans Poésie orale peule: Mauritanie-Sénégal) Samba Gelaajo Jeegi chevauche
La jument Oumou Latoma, à la bataille de Bilbassi,
Mbolou Labba Yero, le jour de la bataille de Débal Fera,
Bokel Afo Baraaji (« Le petit baobab, aîné des pur-sangs »), à la bataille de Badjal-Barkedji
Dolal Kowal, le jour de la bataille de Liberiya
Cewngu Helléré (« la panthère de Helléré »), le jour de la bataille de Niomré
Deysane Woudou Sakkéré, le jour de la bataille de Luggéré-Baylo
Koumba Mbakéri, à la bataille de Goudoulene,
Les griots ne manquent pas de figures de styles pour décrire ces chevaux dans leurs récits. Usant de kennings, ils les appellent par les noms de jabbooji gulli (creuseurs de sillons), gaawooji genaale (qui sément des cimetières), tammbiiɗe kiirimmeeje (qui supportent le monceau de terres sur les tombes), ngartira maayɓe (qui ramenent des cadavres) et appellent les cavaliers aynaabe dimaaji (bergers/dresseurs de pur-sang)
Samba Gelaajo, la figure historique
Il faut noter que dans l’épopée, les figures de Buubu Muusa et de son fils Konko Buubu Muusa sont amalgamées. Si certaines les font apparaitres sous les trous de « Buubu Muusa », « Konkobo » est aussi un nom utilisé pour représenter cette figure ahistorique de l’oncle usurpateur qui déposséde son neveu de l’héritage et le force à s’exiler, avant de revenir et de se rétablir dans ses droits. Dans la réalité, Buubu Muusa est le cousin germain de Samba Gelaajo Jeegi, car leurs deux pères respectifs, Samba Boyyi (r.1702-1707) et Gelaajo Jeegi (r.1710-1718) sont des demi-frères paternels, issus du Saatigi Buubakar Sawa Laamu/Buubakar Tabakaali (r.1640-1669).
Cette intégration en une figure dans l’épopée, de Buubu Muusa et de son fils, est sans doute due à l’inimitié qui existait entre eux et Samba Gelaajo. Buubu Muusa aurait tué son oncle Gelaajo Jeegi et forcé son cousin Samba Gelaajo Jeegi à l’exil en 1718. Des traditions recueillies par Cheikh Moussa Kamara (1864-1945) dans son Zuhur al-Basatin, imputent à Samba Gelaajo, la mort de son cousin et prédécesseur, Satigi Buubu Muusa. Selon cet auteur,
« les conflits n’avaient cessé d’engendrer la haine entre eux jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Konko [lui-même fils de Buubu Sammba]. On disait même que Sammba Gelaajo fut l’assassin de Buubu Muusa, soit par ruse, soit par un « travail » secret. On disait (aussi) que Sammba Gelaajo n’était pas présent lors de la mort de Buubu Muusa et qu’après la mort de ce dernier, ils utilisèrent les services d’un pêcheur originaire de Doondu [Ng 4], village situé à cette époque à Doondu Ύaaɓe, entre Doondu et Aali Wuuri [Ng 5]. Les Deeniyankooɓe habitaient peut-être à Doondu à cette époque, d’après ce que m’a rapporté Buubu Diiye qui est mort en juillet de cette année 1921. Ce pêcheur s’appelait Buubu Booy. Ils lui avaient ordonné (donc) de jeter (le corps de) Buubu Muusa dans le fleuve du Sénégal après l’avoir alourdi afin qu’il ne remonte pas à la surface et que leurs ennemis ne le voient pas. [En effet], ils prétendaient avoir un talisman (hijāb) qu’il suffisait d’écrire sur l’épaule d’un mort pour que son souvenir s’éteigne chez ses proches et que (ce mort) ne refasse jamais surface après ».
Le règne de Samba Gelaajo Jeegi ne fut pas de tout repos. Il aurait exercé le pouvoir entre 1724 et 1741, mais fut à plusieurs reprises forcé à l’exil par Buubu Muusa, et ses fils, en particulier Konko. Ce règne discontinu ne transparait pas dans l’épopée qui exprime l’idée du prince qui aurait été injustement chassé du trône avant d’être rétabli dans ses droits. Ce serait à Bilbassi que Samba aurait triomphé de tous ses ennemis, et aurait débuté un long règne avant de mourir au Boundou selon l’épopée. Pour Issagha Correra « en sortant vainqueur de cette ultime épreuve, Samba accomplit son destin car il élimine le satigui usurpateur et reprend sa place ». L’histoire montre cependant que si Samba a bien vaincu Konko Buubu Muusa à Bilbassi (en 1741?) et serait mort au Boundou des années plus tard, il n’a jamais eu le temps de « gouverner » au Fouta dû aux contestations. D’ailleurs l’épithète « Sambayel mo Laamotako », (le Petit Samba qui ne règne pas) que lui aurait accolé ses ennemis pour lui nier toute légitimité traduite bien cette réalité.
Selon Siré-Abbas Soh,
« Sammba Gelaajo fut le premier à combattre Konko avec des soldats (recrutés parmi) les Bayḍān et d’autres. (Konko et ses gens) habitaient à cette époque au Fori [Gorgol] et Siree Gata à Beylugge.
Sammba les attaqua avec l’armée de Hel Heyba, qui était commandée par [Heyba] lui-même, accompagné d’autres (guerriers) arabes du Sahara mauritanien. Ils s’affrontèrent à Jowol [Ng 3], après que Konko eut quitté le Fori pour se rapprocher du fleuve Sénégal et ce afin d’éloigner les femmes et les enfants du lieu de combat. Sammba les rejoignit à Jowol (après). On dit qu’ils habitaient, à cette époque, à Doondu [Ng 4]. Ils s’étaient affrontés près des sables de Bilbasi. Konko fut vaincu (et s’enfuit) et l’armée de Sammba le poursuivit jusqu’à Mboolo [Yi 13]. Sammba avait interdit à Heyba et aux autres Bayḍān de poursuivre les vaincus. Heyba refusa et continua jusqu’à Mboolo. Sammba disait à ce sujet : « ko Heyba koo dey wonaa ballal », c’est-à-dire : « ce qu’a fait Heyba n’est pas une aide ». (Cette phrase) devint un dicton jusqu’à maintenant. »
Dans cet extrait , Siré-Abbas dépeint un Samba Gelaajo beaucoup moins héroïque, mais dépendant de l’appui de ses alliés maures pour accéder au trône. Le « Heyba » dont l’intervention a désolé Samba Gelaajo est probablement Ahmed al-Hiba, émir du Brakna (1728-1762). Le Samba Gelaajo historique est plus associé à la Compagnie du Sénégal, allié de son père, et auprès de qui il aurait sollicité la construction d’un fort à Jowol afin d’asseoir sa domination sur ses rivaux et s’affranchir de la lourde alliance des Hormaankoobe/Brakna.
Ainsi, un traité entre Samba Gueladio et Claude de St Andon. Saint-Joseph (5 mars 1737) stipule que :
1°. Que moi Jean Claude de Saint-Andon promette, assure, et contracte aujourd’hui au nom de ladite Compagnie une alliance sincère, et durable, avec le puissant, et magnanime Roi Sambaguelaye.
2°. Que pour lui donner marques de la bienveillance de la compagnie qui est toujours attentive au bien de ses alliés je m’engage et promet, pour élever sur le trône le dit Roi Sambaguelaye, d’envoyer un messager au Chef des Ormans, pour l’attirer au fort, et dans le cas de son arrivée traiter avec le dix chef, des moyens les plus courts pour résoudre la mort de Siratique Conco, sur la promesse d’une certaine somme que je ferai avec les Ormans, et quand ils m’apporteront la tête de Conco au fort Saint joseph.
3°. Qu’après cette première expédition le susdit Sambaguelaye roi ayant besoin d’être Soutenu pour aller à force ouverte prendre possession de son royaume, je m’oblige de fournir des fusils, de la poudre, et des balles ; en si grande, et [illisible] quantité que je jugerai à propos. A condition qu’il sera fait un dépôt entre mes mains environs de la valeur des effets qui pourront sortir de ma puissance, et le dit dépôt sera remis à la rendue des fusils en bon état.
4°. Que pour mieux prouver au susdit roi Sambaguelaye le bien qui résultera de l’alliance que nous venons de contracter aujourd’hui, je promets d’engager la dite Compagnie, de faire bâtir un fort auprès de Guiol, armé des bastions, et des canons pour le mettre à couvert des insultes de ses concurrents, et de l’insatiable avidité des Ormans, ce qui lui assurera la paisible possession du pays de Foutte pour lui et ses enfants,
Bilbassi ou l’apogée du héros
Dans l’épopée, c’est au retour de ses faits héroïques que Samba Gelaajo accède au trône en défaisant Buu Muusa/Konkobo durant le combat de Bilbassi.
« A ce moment, son oncle était à Sâdel, près de Kayaêdi. Samba va le trouver et voit que Konkobo l’attend avec son armée. Dans ce temps là, avant la bataille, on faisait un grand tam-tam et le tama de guerre qui servait aux griots s’appelait Alamari et la danse qu’on dansait n’était permise qu’aux bons garçons qui n’ont pas peur. On appelait aussi la danse Alamari, et elle se dansait la lance au poing.
Le tambour dont je parle était couvert avec la peau d’une jeune fille. De la place où il était, Samba entend le tumulte du tam-tam :
– Eh bien, dit-il, je veux aller aussi là-bas ! Je veux danser Alamari !
Son griot, qui s’appelle Sêvi Mallalaya, lui demande :
– Es-tu fou ? Tu dois rester ici jusqu’à demain.
Et Samba lui répond :
– Dis ce que tu voudras, je m’en moque ! J’irai.
Samba traverse le fleuve. Il est ailé jusqu’au tam-tam et il est entré dans le cercle des assistants. Il se couvre la tête de son pagne, s’en voile la figure. Il vient danser, la lance au poing
Et chacun se dit :
– Mais c’est Samba Guélâdio Diêgui !
Lui ne souffle mot. Le voilà dans le tam-tam. Il appelle ses cousins, les fils de Konkobo Moussa et leur dit :
– Venez ! entrons dans la case de votre père. Nous allons causer ensemble.
Il y a là un captif du nom de Mahoudé Gâlé qui a mal à l’œil. Son fils lui demande :
– Mon papa, comment voulez-vous combattre demain dans cet état ?
– Apporte-moi un kilo de piment, répond le père. Il s’applique le piment sur l’œil malade et l’y maintient avec un bandeau. Puis il reste couché et quand il enlève le bandeau, son œil est rouge comme le feu, et il dit :
– Quand la colonne de Samba verra un homme avec un œil aussi rouge, elle prendra la fuite de terreur.
A six heures du matin, les colonnes de Samba et celles de Konkobo ont commencé la bataille. Samba était resté couché dans la case de Konkobo Moussa. Il avait passé la nuit à blaguer avec ses cousins jusqu’à ce que le soleil se lève. A ce moment, il leur dit :
– Apportez-moi de l’eau, que je me débarbouille.
Et cela, il le dit devant beaucoup de monde. Puis il prend sa lance et sort du village. Il traverse les colonnes de Konkobo Moussa. Et le voilà qui se dirige ; voilà qu’il les atteint.
Il trouve sa jument où il l’a laissée, attachée au piquet. Il ordonne de la seller et son captif la selle. Il l’enfourche et part au galop. Il pénètre dans les colonnes de Konkobo
Il sort son fusil Boussalarbi du fourreau et, de chaque coup, il tue au moins cinquante guerriers.
– Comment ! se disent les soldats de Konkobo, nous croyions que dès le début de la bataille les colonnes de Samba allaient prendre la fuite, et pas du tout, elles tiennent encore bon.
Alors découragés, ils abandonnent leur chef. Il faut voir comme ils décampent ! Mais Konkobo n’est pas de ceux qui fuient. Quand son cheval est tombé mort, il a pris de la terre et il en a rempli sa seroualla (pantalon). S’il voulait se sauver, il ne le pourrait pas, car la terre est trop lourde.
Samba tue tout ce qu’il trouve devant lui. Et le voici en face de Konkobo debout près de son cheval mort !
– Eh bien, mon papa, demande-t-il qu’est-ce qu’il ya ?
– Voilà, répond Konkobo, on m’a tué mon cheval !
Samba court après un cavalier de Konkobo. Il le tue et ramène le cheval.
– Mon papa, lui dit-il, monte sur ce cheval-là et continue à combattre !
Konkobo s’est remis en selle. Il se précipite sur les colonnes de Samba. Son deuxième cheval s’abat et tombe mort.
Samba est de nouveau venu à lui :
– Eh bien ! mon papa, demande-t-il, on l’a encore tué, ton cheval ? Il va tuer un autre cavalier de Konkobo.
– Mon papa, dit-il à son oncle, voilà une nouvelle monture.
Samba a ainsi remplacé au moins huit fois les chevaux tués sous son oncle. Il tue les garçons de Konkobo, il les massacre tous. Maintenant le voilà maître du Fouta.
Il a mené son oncle Konkobo à l’écart du village et lui a dit :
– Reste là désormais. Tu y demanderas la charité.
Bilbassi est décrit ainsi par Correra :
Samba tente de s’emparer du cheval, mais celui-là aussi tombe en même temps que son cavalier. / Il met le pied à l’étrier, il se hisse sur le dos du cheval,/ il libère le cheval/ pour entrer dans la maison alors ses chiens cassent leurs laisses,/ il pourchasse son père, / ils vont vers Djéri Lombiri ;/ dans la poursuite, il bute sur un melon/ qui vole, se scinde en deux, / retombe sur la tête de son père Konko comme un chapeau ! / Samba dit : au nom de dieu (sic), père Konko./ Il dit : oui./ Il dit : je jure que je t’ai fait porter un melon frais/ jusqu’au moment où il séchera, en ce lieu tu bâtiras une case (…) [23].
Et ainsi dans le récit recueilli par Amadou Ly
Le septième jour, la bataille prit fin./ Des fils de ceddo, beaucoup étaient morts,/ mais beaucoup n’avaient pas accepté le déshonneur ; et aucun n’avait fui…/ Le combat cessa./ il marcha alors contre son père/ Konko Boubou Moussa./ il le poursuivit jusque dans un champ de citrouilles,/ et tira dans une citrouille./ La citrouille sauta en l’air et retomba sur la tête du père./ Samba dit : « je ne te tuerai pas ; mais avec cette citrouille,/ je t’ai coiffé d’une citrouille verte »./ (…) Samba revint il était devenu roi
Dans l’épopée, la bataille sur la grève de Bilbasssi, près de Jowol, est le pinacle de la carrière de Samba Gelaajo Jeegi.
La bataille sur la grève de Bilbassi, près de Jowol, représente le haut fait de Samba dans l’épopée. Il triomphe de son rival Konko Buubu Muusa et défait ses principaux chefs de guerre comme Mawnde Galle Koumba Gagnîna, Bara Daworel Wôrbe, Niima, Biram Gal Ségara Ali Moussé, Ering Guidinka-Gadanka. Les wambaabe aiment à dire que Samba n’a fatigué ni les pleureuses, ni les laveurs de corps à Bilbassi, il humilie les autres en leur demandant dans une mare boueuse pour avoir la vie sauve. Tous les chefs de guerre plongent sauf Baydi Maham Daouda [appelé aussi Ali Maham Daouda Mbarya Sokoum], qui est trucidé par Samba, mais qui passe à la postérité sous l’épithète de Fuybootaako (“Celui qui n’a pas plongé”) face à son refus de l’humiliation.
Le Samba de Bilbassi est décrit comme un “lion milieu d’un troupeau de moutons, sans berger» et ses ennemis sont avisés que “l’éléphant n’a pas besoin de berger” (“Ñiiwa alaa gaynaako”)
Konko devenu aveugle après que son fusil trop chargé explose sur son visage alors qu’il vise son oncle (devenu son neveu dans l’épopée). Konko Boubou Moussa serait devenu muezzin après avoir abdiqué (les personnes souffrant de handicap n’étant pas supposées porter le turban; c’est ainsi que le Satigi Siré Tabakaali fut forcé d’abdiquer en 1702 selon Oumar Kane. Il était connu pour quêter auprès des fidèles, mais exigeait des aumônes dignes de son statut d’ancien Saatigi.
À l’opposé de ces traditions, Abel Sy souligne que Samba Gelaajo n’aurait jamais régné sur le Fuuta même si on lui concède une ultime victoire sur son ennemi de toujours : « Samba Guéladiégui n’a pas régné/ Il a ravagé le monde, mais il n’a pas régné » [25]. D’où encore l’épithète de “Sambayel mo Laamotaako” que lui ont collé ses rivaux et qui revient dans plusieurs chroniques. Ainsi pour Amadou Ly et Oumar Kane, c’est Konko Buubu Muusa qui aurait eu le dernier mot sur son oncle et rival, en triomphant avec l’appui des Grands du Fouta et des Tunka du Gajaaga (ses parents maternels) de Samba Gelaajo Jeegi et de ses alliés français et maures. Amadou Ly souligne que si Samba Gelaajo Jeegi a chassé du pouvoir Konko, celui-ci l’aurait reconquis vers 1743, poussant son rival Samba à s’exiler au Boundou, où il devait mourir. Selon Amadou Ly:
Samba n’a jamais pu réduire Konko ; malgré ses nombreuses alliances chez les Maures et l’appui de la puissante Compagnie, il a dû céder le trône, en dernière instance, à Konko qui avait su tenir tête à la puissante coalition dirigée par les Blancs œuvrant à sa perte
Pour Siré-Abbas Soh,
Lorsqu’ils se furent battus à Bilbassi pour la dernière fois, aucun d’eux n’avait vainqueur de l’autre ; Konko demeura au Fuuta avec son frère Sule Buubu Muusa, plus connu sous le nom de Sule Njaay, avec son frère Siré Buubu Muusa, plus connu sous le nom de Siré-Ndiaye, et avec son frère Bokar Buubu Muusa, ainsi qu’avec l’ensemble des ministres et généraux qui constituaient, autrefois comme plus récemment, la force du royaume. Lorsqu’ils se furent séparés en cet endroit, Samba Gelaajo Jeegi s’étant retiré à Dyam-Weli, dans la province du Boundou, le Fuuta-Tooro passa volontairement et en totalité sous l’autorité de Konko Buubu Muusaa, qui y exerça le pouvoir royal pendant trente ans »
Selon Cheikh Moussa Kamara, Konko se repentit à la fin de sa vie et abdiqua du trône. Il nomma son frère Sule-Njaay comme son successeur, s’adonna aux études islamiques et devint muezzin de mosquée et le resta jusqu’à sa mort.
« On disait que quand il avait besoin d’argent, il allait devant la porte d’un riche et lui demandait de lui donner l’aumône, qui ne devait pas être inférieure à un esclave (‘abd), une servante (ama) ou une vache qui vient de mettre bas (nafīsa). C’est pour cela qu’on disait de celui qui demande quelque chose de précis comme aumône : « Celui-là est comme l’aumône de Sallī Konko ».
Selon Oumar Kane, Konko Buubuu Muusa ne perd le trône qu’en 1746 lorsqu’il abdique en faveur de son frère Sule Njaay Muunu Gaaku (1746-1770?). Les chroniques historiques présentent Konko Buubu Muusa comme finissant sa vie en tant que muezzin, ce qui contredit l’idée répandue selon laquelle les Dényanke étaient des païens. Konko Buubu Muusa est le beau-père du Tafsir Ahmadou Hamat Couro Wane, qu’il a fait venir de Mboumba à Kanel, et doté de terres (pale et kolaade). Il est en outre l’arrière grand-père maternel du 9e Almaami Mamadou Maamudu Anne de Diandioli (Ngenaar) : 1817-Juillet 1818 [La mère de l’Almaami étant Kadiata, fille d’Aminata [épouse de l’alcaty de Mbolo-Birane Tafsir Sawa-Koudi], fille du Satigi Konko Buubu Muusa].
Samba passe ses dernières années au Boundou, où il meurt vers 1750. Le motif de la trahison par sa femme revient souvent dans les récifs portant sur cet épisode. Dans la version de Pahel Mamadou Baila recueillie par Amadou Ly, celle-ci s’appelle Diyé Konko, et serait la fille de l’ennemi irréductible de Samba Gelaajo Jeegi, Konko Buubu Muusa. Dans cette même version, Samba n’aurait pas seulement tué les chefs de guerre à Bilbassi et rendus aveugles Konko Buubu Muusa, mais aurait aussi tué les fils de ce dernier, tels que Hammadi Konko, Tengella Konko et Gelaajo Konko. Dans la majorité des récits, l’épouse aurait trahi le héros en empoisonnant son repas, mais celui-ci accepte la mort en ne reculant pas devant cette trahison manifeste.
Ainsi dans la version de Pahel Mamadou Baila/Amadou Ly :
A peine Séwi fut-il assis, Samba découvrit le mafé lâlo./ Aussitôt le fumet pénétra dans ses narines – balaw ! -/ Il fut alors comme pris de vertiges ; / la maladie le frappa. / Il resta couché à Oulé Bané pendant six mois. / Par la suite, on leur dit qu’il y avait des guérisseurs à Bohé Ballédji ;/ Ils allèrent et y restèrent un mois. / Ensuite, on leur dit qu’à Bokki Dawa Douna / vivaient des mâbo capables de le guérir. / Ils allèrent à Bokki Dawa Douna ; / ils ne réussirent pas ; sur le chemin de retour vers Oulé Bané, / entre Séwoudjé et Youppé, / ils parvinrent à Bohé Tati. / Samba expira /
Ce sont presque les mêmes circonstances qu’on retrouve dans le récit de Kamara/Correra :
Au retour de Woulou Dono Guéladio/ elle [Diyé Konko] dit : mon Samba./ Il dit : oui. / Elle dit : voilà ton repas. / Samba découvre le plat et y trouve du mafé./ Il dit : Diyé ma petite sœur/ Elle dit : oui/ Il dit : je ne mange pas de mafé/ et tu le sais bien. / Elle regarde Samba pendant un instant/ et dit : tu sais pour quelle raison j’ai préparé du mafé ; / pourquoi n’en manges- tu pas ? / Samba réplique : non, je n’en mange pas, je n’en veux pas. / Elle hurle et pleure / et dit : tu m’as ridiculisée aujourd’hui ! / Diyé pleure en hurlant et tente de partir, / Samba la retient, la regarde / et dit : Diyé ma petite sœur, / tout ce que la houe tire, / elle le rapporte aux pieds du cultivateur. / Je ne peux ni refuser ni consentir à manger, / si je consens à manger cela sera mauvais, / si je refuse de manger cela sera mauvais. / Alors je consens à le faire. / Il en prend trois bouchées. / Arrivé à Diéri Toumbéré, / il se couche à l’ombre du petit baobab, / le cheval à ses côtés. / Il ne s’est jamais relevé de cette couche. / Quand ils arrivent, / ils trouvent que le cheval / est penché sur lui / et trouvent qu’il commence à s’enfler, / il est mort. / Ils l’enterrent dans le petit Diéri Toumbéré.
Pour Oumar Kane, le motif de la trahison est réel mais les circonstances sont différentes.
Samba Gelaajo Jeegi termina sa vie abandonnée de tous, à la suite du meurtre du plus fidèle de ses compagnons, Gelaajo Kinjé, qu’il avait surpris avec sa femme. Il y eut alors beaucoup de défections dans son entourage. Beaucoup de ses hommes rejoignirent Sule Njaay [Satigi entre 1746 et 1770] qui profita de l’occasion pour l’attaquer. Il quitta le pays avec pour seul compagnon le griot de son père Sewi Mala Laya. Il se réfugia à Jamwelli pour y mourir d’une maladie de la poitrine.
La date de la mort de Samba Gelaajo est sujette à conjectures. Les traditions sont fameuses pour ne pas donner de dates précises malgré quelques indices conjoncturels. Ce qui est sûr est qu’il est décédé au Boundou où il était en exil, après avoir été renversé à nouveau par Konko Buubu Muusa. Le village de Diamweli [littéralement « la paix est douce »] est souvent cité comme son lieu d’exil.
Pour LY
Exilé au Boundou en 1751, Samba semble décidé à revenir faire valoir ses droits, ou en tout cas en faire courir le bruit. Il ne semble pas avoir réussi à rassembler les forces nécessaires à son projet et l’on peut croire avec la plupart des conteurs qu’il est mort au Boundou
Les relations entre le Boundou et le Fuuta-Tooro étaient troublées autour de 1750. Ainsi selon Rançon:
« De toutes les guerres que Maka-Guiba eut à soutenir, la plus sérieuse fut celle qu’il eut à faire au roi des Déniankés, Satigui [Souley-Ndiaye]. Les Dénianké sont des métis Peulhs et Toucouleurs qui habitent sur les bords du Sénégal, entre le Guoy et le Fouta.
Venus des environs de Bangassi dans le Fouladougou oriental, ils avaient d’abord émigré dans le Bondou et de là dans le Fouta-Sénégalais, Ce monarque orgueilleux, qui s’intitulait « roi du Fouta », jaloux des victoires des Sissibé et de leur prestige, résolut de leur imposer un tribut. Il écrivit alors à Maka-Djibaune lettre dont voici à peu près le sens, sinon le texte rigoureux :
« De la part du glorieux, du puissant et du redoutable Satigui, roi du Fouta entier, lui qui a été créé pour être heureux ici-bas et pour être destiné au séjour éternel dans l’autre monde; la preuve c’est qu’il boit à coupe pleine les douceurs de la vie; lui qui est si aimable et si charitable pour ses amis, aussi bien qu’il est terrible, redoutable et implacable pour ses ennemis, à son humble et fidèle serviteur Maka-Djiba, qui a la hardiesse de se dire almamy et qui signe comme tel, dont la famille est issue des Torodos, qui n’ont été créés que pour être toujours misérables et pour demander la charité aux autres.
Salut ! Makha-Djiba, j’ai besoin de faire faire par les forgerons des ornements en or pour mes femmes et mes enfants. Il me faut de l’or, et en bonne quantité même ; tu auras donc à m’en envoyer cinq mesures pleines dans le plus bref délai.
J’ai appris que tu as un cheval arabe tout blanc qui danse beaucoup ; tu auras à me l’envoyer par la même occasion pour un de mes hommes qui n’en a pas.
J’ai appris que, parmi tes femmes, tu en as une qui sait bien faire le couscous ; il faudra me l’envoyer aussi pour me faire la cuisine, et tout cela de suite, autrement tu me forcerais à venir dans le Boundou.
Je pense que tu voudras éviter mon arrivée, car si je vais dans le Boundou, ce ne sera que meurtres et ruines, et je jure de casser sur ta tête cette seule calebasse que tes parents t’ont laissée pour tout héritage, et dont tu le sers pour recevoir la charité des mains des autres, comme ils la recevaient eux-mêmes de leur vivant. Tu n’es que Torodo ; tu n’as été créé que pour la misère et la servitude.
Salut!
Satigi Sule Njaay »
Au reçu de cette lettre, Maka-Djiba convoqua ses notables, et après une longue délibération, il fut décidé qu’on donnerait satisfaction au roi du Fouta. Paté-Gaye [fils de Makha Djiba], absent au moment du palabre, revint à Dara, et en apprenant ce qui s’était passé, demanda la réunion immédiate des personnes qui avaient pris cette décision. Il se fit alors lire la lettre de Satligui, et après l’avoir fait copier, l’arracha vivement des mains du marabout, la déchira et en fit avaler les morceaux au courrier qui l’avait apportée ; après quoi, il le fit accompagner par deux cavaliers, pour l’empêcher de prendre aucun repos dans tout le Bondou.
C’était la guerre inévitable.
Le chef du Fouta, dès qu’il connut ces détails, devint furieux, et n’eut pas beaucoup de peine à décider ses guerriers à venger l’offense qui venait de lui être faite. Certain d’avoir facilement raison de ce petit royaume du Boundou, il se mit à la tête de ses troupes et, après avoir traversé la Falémé à Arondou, vint camper, devant Tafacirga, tandis qu’un autre, corps d’armée, commandé par son fils Gelaajo se dirigeait sur Féna, semant la ruine et le pillage sur son passage.
De son côté, Hammadi-Gaye, l’aîné des fils de Makha-Djiba, partit à la tête des guerriers du Boundou, de Dârâ à l’ouest de Gatiari, sur la rive droite de la Falémé, et se dirigea contre Satigui lui-même. Arrivé à la hauteur du gué de Naïé, il partagea ses guerriers en deux troupes et confia le commandement de la seconde à son frère Paté-Gaye, auquel il ordonna de franchir la Falémé et de marcher contre l’ennemi par la rive gauche pour lui donner une fausse alerte ; Mais lorsque Paté-Gaye arriva à Naïé et après avoir passé le gué, il rencontra entre le village et la rivière, le corps d’armée de Gelaajo. Celui-ci avait appris la marche d’Hammadi-Gaye contre son père, et il s’était porté en toute hâte sur le gué, afin de franchir la Falémé et aller barrer le passage au prince Sissibé. Mais il comptait sans la colonne de Paté-Gaye. L’action s’engagea aussitôt. Gelaajo, à un moment donné, se trouva à environ cinquante mètres de Paté-Gaye, qui le reconnut aussitôt, et qu’il reconnut également. Ils échangèrent à cette distance des coups de feu, mais sans se toucher ; Ils se ruèrent alors l’un sur l’autre dans un furieux corps-à-corps; La victoire demeurait indécise”, et tous les deux étaient blessés, lorsque Paté-Gaye, prenant son second pistolet, qu’il n’avait pas déchargé, le dirigea sur la poitrine de Gelaajo et l’abattit sur le coup. En voyant tomber leur chef, les Foutanké (hommes du Fouta) se débandèrent et s’enfuirent de tous côtés.
Hammadi-Gaye, de son côté, avait continué sa route par la rive droite de la Falémé, et était tombé sur la colonne de Satigui. Les Foutanké se défendirent vaillamment ; mais rien ne put arrêter l’élan des Boundounké (hommes du Bondou), enhardis par le succès obtenu par Paté-Gaye et par la mort de Gelaajo. Satigui, battu, s’enfuit et rentra dans le Fouta avec les débris de son armée, dont un grand nombre de guerriers étaient restés sur le champ de bataille. Il fit alors amende honorable et la paix fut signée.” (Source: A. Rançon. Histoire du Boundou. 1894)
L’attitude de Sule-Njaay pourrait être liée à la présence de Samba Gelaajo Jeegi au Boundou tout le long du règne de Makha Buubu Malick Sy/Makha Djiba [1728-1760]. Le Boundou fut la terre de refuge de Samba Gelaajo et sa base pour faire valoir ses droits. Mais il semble que le dernier exil fut sans retour pour lui.
Samba Gelaajo Jeegi disparait de la scène politique (ainsi que Konko Buubu Muusa par ailleurs) à partir de 1750 et il n’y a plus aucune mention de lui dans les archives de la Compagnie du Sénégal. Les troubles civils persistent cependant et les fils de Buubu Muusa sont aux prises avec un autre prétendant dényanké Diadié Houleye [écrit aussi Jaaye Hola]. Mais il est resté célèbre à jamais, et est l’un des rois les plus connus de la Sénégambie, sans pour autant être tout à fait connu. Il est devenu le héros typique de l’épopée fuutaanke, le caractère représentatif des sebbe Mbeñu Gaana, dont les chants et devises sont repris dans les éloges des figures historiques qui ont vécu bien après lui. À cet égard, si le Samba historique a été un dynaste tout le temps soucieux de prendre ou de conserver son trône, celui de l’épopée est “surhumain” car représentant à leur paroxysme le courage, l’audace et les vices du prince déshérité et forcé à l’exil, par l’oncle usurpateur. Il n’y a pas de monologue “To be or not to be” chez le Samba de l’épopée; la tempérance et la raison apparaissent sous les traits de Séwi Malal Layaan, tout comme l’impérieuse nécessité de recouvrer son héritage.
L’histoire est beaucoup plus complexe que l’épopée qui s’est basée sur une période interne troublée pour idéaliser un personnage historique, et en faire une figure folklorique importante en Afrique de l’Ouest.
Pour aller plus loin:
CORRERA, Issagha, Samba Guéladio, Épopée peule du Fuuta Tooro, Dakar, IFAN-CAD, 1992.
EQUILBECQ, François Victor, La Légende de Samba Guéladio Diégui, Prince du Fouta, Dakar-Abidjan, N.E.A., 1974.
KAMARA, Cheikh Moussa et SCHMITZ, Jean. Florilège au jardin de l’histoire des noirs: l’aristocratie peule et la révolution des clercs musulmans (tome 1, volume 1). (Paris: CNRS)
KANE, Oumar, Le Fuuta-Tooro : des satigi aux almaami (1512-1807), Tome II, Thèse d’État, Université de Dakar, 1987.
KESTELOOT, L., BARBEY, C. et NDONGO, S.M., Tyamaba, Mythe peul, Notes Africaines, Dakar, IFAN, 1985.
LY, Amadou, L’épopée de Samba Guéladiégui, Dakar-Paris, IFAN-UNESCO, 1991.
SOH, Siré Abass, Chroniques du Fouta-Toro, (Delafosse et Gaden, traducteurs).
SOW, Abdoul Aziz.. 2009. Poésie orale peule: Mauritanie-Sénégal. (Paris: L’Harmattan)
SY, Amadou Abel, La geste tieddo. Thèse de doctorat de 3e cycle, Université Ch. A. Diop de Dakar, Faculté des Lettres et Sciences humaines, 1980.