Cet article a été publié originellement le 11 septembre 2020
Et si on considérait les noms des villages, forêts et autres sites du Fuuta-Toro? Que nous disent-ils sur ce pays et ses habitants? On se rend compte assez vite que beaucoup de villages tirent leurs noms d’éléments et de caractéristiques naturelles (que ce soit des arbres ou des mares) mais également de personnalités plus ou moins illustres. En les traduisant en français, ôte-ton un peu de leur charme?
Voici une liste de traduits en français. Corrigez, complétez!
- Boyinadji (Boyyinaaji) [Ngenaar] : [Village] Aux chacals
- Luggere Cooli [Ngenaar] : Bas-fonds aux oiseaux
- Wendu Noodi : Mare aux caimans
- Wendu Mbabba: Le marigot de l’âne
- Weendu Boosoyaabe [Booseya]: Le marigot des (gens) du Booseya
- Ari Haara [Booseya]: Viens et sois rassasié
- Rufi Aawdi [Booseya]: Semences sont versées
- Poolel Jaawbe [Damga]: Petits oiseaux (Tourterelles) des Jaawbe [clan Peul qui habite la localité]
- Madina Ndiathbe [Laaw] : Ville des Ndiathie [patronyme].
- Daara Halaybe [Halaybe]: La Maison des Halaybe (clan peul)
- Lewe dawaadi : Clairière aux chiens.
- Ciloñ (Thilogne; Diminutif de Ciluki, au pluriel) [Booseya]: [Village] aux petits acacias (faux gommiers). Ciloñ est un village historique, capitale du Fouta pendant les 20 premières années de l’Almaamiat (1775-1796), avant que l’Almaami Abdoul Kader Kane (v.1721-1896; r.1775-1806) ne se réinstalle à Kobbillo.
- Ngijiloñ (Nguidjilogne; diminutif de gijile au pluriel) [Ngenaar]: [Village aux arbustes hanza; nom scientifique, Boscia senegalensis). Ngijiloñ est avant tout un village de guerriers sous le drapeau de Koly Tengella (Sebbe Kolyaabe), dont le peuplement fut favorisé par l’Almaami Abdoul Kader dans le cadre de la lutte contre les Maures, pour surveiller le gué de Ganki [Juude Ganki]. Ces guerriers étaient commandés par Ciré Dara Dia, dont la défection en 1775, fut l’une des causes de la chute des Denyankoobe.
- Selon une version locale, parmi les premiers habitants, figuraient le doyen des Kolyaabe, Hammadi Hassane Thiam, en plus de Ciré Dara Dia, Yero Kolcel Diop, Dioubayrou Sall et le Ceerno Tilléré Cissé Hanne. Hammad Hassane étant très vieux, les habitants lui aménageaient un espace près des arbustes hanza [gijile] alors qu’ils vaquaient à leurs occupations. À chaque fois que les riverains demandaient où il se trouvaient, les habitants répondaient qu’il était près des “Ngijiloñ”, nom qui sera donné à tout le village. Mais les habitants originels appelaient leur nouveau village “Ouro Koli” (le village de Koli) alors que l’almaami Abdoul Kader, préférait le nom de Dar-es-Salam (“La maison de la paix” en arabe).
Ainsi, les chanteurs de Leele disent :
Daara wuro Koli, wona Daara wiyete, ko Daaral Salam, wuro mawngo malaango, faganaango jam ngo annda joote, falo mali gaysiri mali, ganki e tillere, lojju e welingara jabbe cowe e jammi mbakal…
Nguidjilone dénommé village de Koly s’appelle plutôt grand village de la paix béni pour son abondance économique, ignorant la misère ; ceinturé par les champs mali et gaysiri mali en bordure du fleuve, étendu dans les quartiers de Ganki, Tillere, Lojju et Welingara, et par les tamariniers jumeaux jabbe cowe au Nord et le tamarinier de Mbakal au Sud ;
- Pendao [Dimat]: du nom Penda Hawwo (contracté avec le temps)
- Cile Bubakar [Thillé-Boubacar] [Dimat]: Les acacias de Bubakar
- Cile Oole : Les acacias jaunes.
- Hayre Laaw (Aéré Lao) [Laaw] : Colline dans le Laaw (province).
- Ouro Sogui [Ourossogui, Booseya] : Le village de Sogui, d’après le nom d’un berger [Sogui] qui occupait le site originel, avant de le quitter, ne voulant pas cohabiter avec des chasseurs.
- Ouro Dieri [Dimat] : Le village sur les hautes-terres.
- Ouro Madiou [Tooro] : Le village du Mahdi (Messie), a été fondé par le marabout tidiane Mamadou Hammé Ba [c.1790-1860] après l’échec de son mouvement révolutionnaire contre l’Almaami Youssouf Ciré Ly en 1810-1820 [Guerre de Numa, appelée encore « deuxième expédition du Gûnagol »]. Il faut noter que le mouvement du Mahdiyou allait au-delà du Fouta, ayant des attaches au Kajoor via le Seriñ Koki Njaga Isë Jeey Joob, et au Walo, avec le marabout Dillé Fatim Thiam Coumba Diomboss. Au Walo, Dillé fut vaincu par l’élite ceddo appuyée par Saint-Louis, forçant Njaga Isë, en difficultés avec le Damel Birima Fatma Cuub (1809-1832) à s’exiler au Fouta (où il devait mourir à Ndioum dans le Toro).
- Le mouvement va renaitre cependant 30 ans plus tard via les fils du Mahdiyou, Ahmadou Cheikhou [ou Ahmadou Mahdiyou], Ibra Penda Bouya [sa mère Penda Bouya Diop, étant une fille de Seriñ Koki Njaga Isë] et Bara Mahdiyoou, qui vont affecter le Fouta, le Jolof, le Kajoor et le Walo, suite à l’épidémie de choléra (et l’épizootie sur le bétail) de 1869. Si les Mahdiyankoobe ont pu prendre les rênes du Jolof et faire peser leur influence sur le Fouta occidental [Dimar et Tooro] et sur le Kajoor oriental [Mbakol et Njambuur], le mouvement va s’effondrer suite à la bataille de Samba Sadio les opposant aux troupes françaises alliées à Lat-Dior en février 1875, même si des traces de son influence demeurent jusqu’à ce jour. Ainsi si vous suivez assidûment la lutte sénégalaise, vous aurez sans doute entendu Gouye-Gui, remercier ses marabouts de Thiénaba [Thiès] et de Ouro Mahdiyou [Podor].
- Wouro Sidy: Village de Sidy
- Sincu Bamambi [Sinthiou Bamambé, Damnga] : Neufville (Nouvelle habitation) aux kapokiers
- Sincu Dangde [Sinthiou Dangde, Halaybe] : Neufville sur la berge.
- Sincu Bumaka [Sinthiou Boumaka, Booseya ] : Neufville fondé par Boubou Makka.
- Sincan Njaakiri: Neufville fondée par les Njaakirnaabe
- Bokki Sabundu [Ngenaar]: Le baobab aux nids d’oiseau
- Bokki Jawe [Bokidiawé, Ngenaar]]: Le baobab aux bracelets
- Bokki Hamme Samba: Le baobab de Hamme Samba
- Bokki Salsalbe [Boki Salslabé, Yirlaabé] : Le baobab des Sall
- Bokki Jallube [Boki Dialloubé, Yirlaabé] : Le baobab des Jallube (Diallo).
- Haawre [Damga]: Endroit où poussent en abondance les baobabs
- Juude Jaabi [Dioudé Diabi, Laaw] : Le gué aux jujubiers Où est-ce Juude Jaabe : Le gué aux tubercules?
- Juude Guriki [Dioudé Gouriki,Damga]: Le gué où se trouve l’arbre penché.
- Diama Alwali [Tooro]: La communauté du wali (saint).
- Tulde Galle [Tooro] : La maison sur la colline.
- Tulde Bussobe [Laaw]: La colline des Boussobé (patronyme Bousso).
- Gaol [Ngenaar]: Marigot reliant deux étangs ?
- Pete [Yirlaabe]: [Village] Aux étangs temporaires (apparaissant après la pluie)
- Oogo [Ngenaar] : Hauts-Fourneaux
- Oolum Nere [Booseya]: Aux nérés jaunes (jaunissants?)
- Jannjooli [Ngenaar]: Là où les chevaux dansent. Jannjooli étant un village dényanké où les Saatigi aimaient rassembler leurs guerriers avant les batailles.
- Ganngel (diminutif de Ganki) : Aux petits micocouliers.
- Tufnde Gande [Yirlaabe]: Berge aux micocouliers
- Ganki Jeeri: Micocoulier sur les hautes terres
- Hoore Fonde [Booseya] : À l’entrée des hautes terres [Bois]
- Fonde As [Tooro]: Hautes terres du marabout de As
- Fondé Elimane [Law] : Hautes terres de l’imam.
- Maghama [Damga]: de l’arabe « Maqamat Ibrahim » (la station d’Ibrahim). Fondé par le marabout Ceerno Birahim Kane (1810-1869) autour de 1865, sur le site de Kumbaali. Ceerno Birahim Kane avait longtemps été établi au Saloum, où il a pu participer au début des révoltes maraboutiques contre les élites ceddo. À sa mort en 1869, le site fut abandonné avant d’être repeuplé sous l’égide d’un autre marabout non moins célèbre, Cheikh Muhammad Mahmoud Kane [1848-1891].
- Dar el Barka [Dimat]: Maison de la bénédiction (arabe). Dar el Barka a été fondé par Elimane Abou [Buubakar Ibrahima Ngoné; 1859-1917] un chef du Diamt, sur la rive droite du fleuve en 1891, alors qu’il commandait le canton Seloobe
- Bababé [Laaw] : (village) des Bah (clan peul)
- Gourel Moussa : Petit village de Moussa
- Gourel Baydi Ali: Petit village de Baydi Ali
- Gourel Oumar Ly [Booseya]: Petit village de Oumar Ly
- Tulde Niima: La colline de Niima
- Matam [Ngenaar]: De “matama” (“payer comptant”)